Sécurité dans le monde : gros plan sur les zones de vigilance du 28 avril au 3 mai

Afrique

>Côte d’Ivoire

L’incertitude prévaut sur l’identité et la motivation des membres du commando qui a mené l’attaque du 20 avril contre le camp militaire de N’Dotré à Abobo (commune du nord d’Abidjan), causant la mort de quatre personnes. Selon les autorités ivoiriennes, ce raid serait à rapprocher de l’évasion récente de 90 prisonniers de la prison d’Harper au Liberia. Le 29 mars dernier, une autre attaque criminelle a aussi été perpétrée contre les forces de l’ordre dans le nord du pays (à Kafolo et Kalobougou). En filigrane, ce contexte d’insécurité renvoie également aux opérations conduites récemment par l’armée ivoirienne contre les mouvements terroristes islamistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) et du Front de libération du Macina (FLM) qui mènent des incursions sur le sol ivoirien depuis le Mali et le Burkina Faso voisins.

>Éthiopie

De nouveaux affrontements ont opposé des membres des ethnies oromo (majoritaires dans le pays, ses membres vivent principalement dans la région de l’Oromia, la plus étendue et la plus peuplée, au centre de l’Éthiopie) et amhara entre le 16 et le 18 avril à Ataye et Shewa Robit (en région amhara). Dix-huit personnes ont perdu la vie dans ces combats inter-ethniques qui ressurgissent de manière cyclique, étayés par une animosité ancienne. Avec les élections législatives de juin prochain en ligne de mire, les tensions devraient perdurer dans ces deux régions concernées, ainsi que dans celle du Benishangul-Gumuz (ouest, frontalière avec le Soudan).

>Tchad

La mort du président Idriss Déby Etno – tué le 20 avril alors qu’il se rendait sur le front opposant l’armée tchadienne au groupe rebelle du Fact (Front pour l’alternance et la concorde au Tchad) – fait entrer le pays dans une période d’incertitude politique. Nommé à la tête du Conseil militaire de transition (CMT), Mahamat Idriss Déby Itno, fils du président défunt, fait l’objet d’une contestation unanime au sein de l’opposition et le soutien de l’élite politique à son endroit demeure incertain. Tandis que les forces de l’ordre on renforcé leur présence sur les points d’entrée et de sortie de la capitale N’Djaména, le groupe rebelle du Fact continue de faire pression sur la junte militaire au pouvoir, cette dernière refusant tout dialogue de sortie de crise. Après les combats qui les ont opposés aux forces armées tchadiennes dans la province du Kanem du 17 au 19 avril, les combattants du groupe rebelle semblent actuellement se regrouper dans les régions de Borkou et Tibesti, toujours au nord de N’Djaména.

Afrique du Nord/Moyen-Orient

>Algérie

Après un an d’interruption en raison du contexte sanitaire, les marches hebdomadaires du Hirak ont repris le 22 février dernier, coïncidant avec le second anniversaire de ce mouvement de contestation populaire. La marche du 23 avril a de nouveau réuni plusieurs milliers de manifestants, alors que les autorités maintiennent un climat de répression dans la perspective des législatives du 12 juin prochain. Si le calme prédomine globalement dans le cadre de ces rassemblements, les interventions et les arrestations préventives des forces de l’ordre sont toujours susceptibles de générer des épisodes de violence.

>Israël/Palestine

Les affrontements entre manifestants palestiniens et policiers israéliens en marge du rassemblement du groupe juif d’extrême droite Lahava ont fait plus de 120 blessés le 22 avril à Jérusalem. La ville sainte continue de concentrer rancœurs et revendications, à l’image de la manifestation qui s’est tenue le 25 avril dans la vieille ville pour exiger la tenue d’un procès suite au meurtre à caractère antisémite de Sarah Halimi, tuée en avril 2017 à Paris. Les forces militaires ne sont pas en reste de ce regain de tensions. Plus de trente tirs de roquettes ont en effet été lancés par le mouvement islamiste palestinien du Hamas entre le 23 et le 25 avril, entraînant des frappes de représailles de la part de Tsahal. La proximité des élections dans les Territoires palestiniens occupés (avec les législatives attendues le 22 mai et la présidentielle deux mois plus tard) risque de renforcer cette escalade des rapports de force dans les semaines à venir.

Amériques

>États-Unis

Une adolescente afro-américaine a été tuée par balles lors d’une intervention de la police le 21 avril dans la ville de Colombus, capitale de l’État de Ohio. L’événement a suscité de nouvelles vives réactions dans le pays qui suit attentivement le procès très médiatisé du policier Derek Chauvin, reconnu trois fois coupable pour le meurtre de George Floyd, le 25 mai 2020 à Minneapolis. Réunies autour du mouvement «Black Lives Matter», les différentes mobilisations continuent de dénoncer les brutalités policières et le racisme qu’elles jugent systémique. Le caractère pacifique de ces rassemblements s’accompagne néanmoins de tensions toujours latentes vis-à-vis des forces de l’ordre.

Asie-Pacifique

>Birmanie (Myanmar)

Concentré initialement dans les grandes villes du pays, le vaste mouvement de protestation né du coup d’État du 1er février dernier confirme son extension à la quasi-totalité du territoire, notamment dans les zones rurales et les quartiers résidentiels des centres urbains. Dans l’attente de la poursuite du procès d’Aung San Su Kyi, reporté au 6 mai, la répression militaire continue de sévir, avec des heurts quotidiens et des arrestations préventives après la tombée de la nuit, tandis que des explosions de faible intensité et des incendies ont aussi été rapportés.

Europe

>Russie

Avec en perspective l’important rendez-vous électoral de septembre prochain (élections de la Douma d’État, équivalent de la chambre basse de l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie), le discours à la Nation de Vladimir Poutine, le 21 avril dernier, est venu confirmer les tensions qui prévalent en interne comme dans les relations internationales. Le jour de l’intervention de chef de l’État, des manifestations se sont déployées dans tout le pays en soutien à l’opposant Alexei Navalny dont l’état de santé, consécutif à sa grève de la faim, est préoccupant. D’autres rassemblements de ce type sont attendus dans les semaines à venir. Au plan diplomatique, les accusations américaines de cyberattaques imputées aux services secrets russes ont ajouté au refroidissement des échanges entre Moscou et Washington. Par ailleurs, après la condamnation par la communauté internationale du déploiement des forces russes à la frontière ukrainienne et en Crimée, ces dernières ont finalement effectué un retrait partiel depuis le 23 avril dernier, arguant que leur exercices militaires avaient pris fin.

>Royaume-Uni

La gronde sociale se manifeste outre-Manche, attisée par un projet de loi tendant à renforcer les pouvoirs de la police, et notamment la réduction de la liberté de manifester. Le 3 avril dernier, au moins dix policiers ont été blessés lors de manifestations organisées dans ce cadre. Structurés au sein du mouvement Kill the Bill (ou «Tuez la loi», en référence au cinéma de Tarantino), les appels à la contestation, particulièrement actifs à Londres et Bristol, ont fusionné avec la version britannique du Black Lives Matter, solidaire de la cause défendue aux États-Unis. Adopté en mars par la Chambre des communes, le projet de loi controversé doit maintenant être examiné par la Chambre des lords. Les restrictions inhérentes à la situation sanitaire, comme le port du masque ainsi que la perspective d’un possible «passeport sanitaire» font également l’objet de diverses protestations. Huit policiers ont ainsi été blessés dans ce contexte le 24 avril à Londres.