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Bruno Frentzel : « je souhaite que le sujet de la Silver Emigration soit placé au centre du mandat qui s’ouvre »

La « silver emigration », le nouveau défi de la vie française à l’étranger par Bruno Frentzel, tête de liste de La République en Marche aux élections consulaires au Portugal.

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Bruno Frentzel : « je souhaite que le sujet de la Silver Emigration soit placé au centre du mandat qui s’ouvre »

Ces dernières années, et singulièrement au Portugal, une nouvelle catégorie d’expatriés est apparue : celles des retraités. Aujourd’hui, plus d’un million de retraités français ont fait en effet le choix de s’établir à l’étranger. C’est un mouvement récent, d’une ampleur considérable. Il est important de le présenter dans le débat électoral de ce printemps 2021 car la perception est à prime abord que seule la présence de la jeunesse ou de jeunes familles à l’étranger expliquerait l’augmentation de la population française expatriée au cours de la décennie écoulée. C’est une illusion. Les retraités quittent la France en nombre et contribuent largement au dynamisme de nos communautés à l’étranger. Il est important de le rappeler car cette évolution de notre émigration ne doit pas être sans conséquence sur l’action publique et diplomatique française à l’étranger. Le défi est de savoir répondre utilement à l’évolution des communautés françaises de l’étranger pour être le plus efficace et juste possible.

Pourquoi quitte-t-on la France en fin de parcours professionnel ? Les raisons sont multiples. Le pouvoir d’achat en est une, peut-être la première. La vie est chère en France et elle peut l’être beaucoup moins avec le même salaire sous une autre latitude. Avec 1 500 Euros de retraite au Portugal, on peut vivre décemment ; à Paris et d’autres grandes villes de France, non. Mais il y a d’autres raisons aussi : un cadre fiscal avantageux, qui voit parfois des pays comme le Portugal promettre une fiscalité généreuse et dérogatoire aux retraités étrangers du secteur privé venant s’installer. Il y a également les petits bonheurs d’une vie libérée du travail : le soleil, le lien culturel et linguistique et last but not least la famille, parfois installée à proximité. Et pour un pays comme le Portugal, la proximité de la France et la desserte régulière par avion depuis Lisbonne, Faro ou Porto. En d’autres termes, il s’agit pour le Portugal et quelques autres pays d’ajuster leur offre aux retraités pour que la demande vienne à eux.

C’est là qu’en réalité, le plus difficile commence. Réussir sa retraite à l’étranger n’est pas une garantie. Au moment de partir, il y de nombreuses démarches à effectuer et avis à prendre. Et notamment ceux des conseillers des Français de l’étranger du pays dans lequel l’on envisage de s’installer. Ces élus connaissent la fragilité des promesses fiscales. La fiscalité ne peut être l’unique raison d’émigrer, au risque de glisser de l’exil au nomadisme lorsque la période d’exemption ou de réduction de l’impôt prend fin. Il y a aussi la dimension culturelle de l’intégration dans le nouveau pays, les questions liées à la portabilité de la retraite à l’étranger et notamment celle des certificats d’existence, les inscriptions à effectuer localement et qui peuvent s’avérer parfois complexes, la prise en charge d’une possible dépendance. S’établir à l’étranger à l’âge de la retraite est un nouveau projet de vie qu’il faut bien préparer et les élus des Français de l’étranger ont un rôle à jouer auprès des retraités qui arrivent.

On pourrait appeler cette évolution la « silver emigration ». Candidat aux élections des conseillers des Français de l’étranger au Portugal, je souhaite que ce sujet soit placé au centre du mandat qui s’ouvre. La circonscription du Portugal connaît bien la « silver emigration ». En l’espace de quelques années seulement, ce sont des milliers de retraités français qui y sont arrivés, s’installant sur la côte et en particulier en Algarve. Dématérialisation des services consulaires, couverture-maladie, conventions fiscales bilatérales, droit des successions, échange de permis de conduire, sécurité, déplacements vers la France, ce sont certains des sujets sur lesquels il est nécessaire de mutualiser le retour d’expérience entre circonscriptions, postes diplomatiques et élus des Français des pays et régions du monde concernées par la « silver emigration ». Il s’agit d’adapter nos politiques à cette évolution, en particulier sur la couverture-maladie hors Union européenne.

J’ai vécu dans plusieurs pays successivement et mon parcours à l’étranger me fait mesurer combien ces dernières années ont vu nos communautés françaises changer considérablement. Il faut que le service public consulaire et les organismes comme la Caisse des Français de l’étranger puissent suivre le rythme de cette évolution. Le mandat à venir des conseillers des Français de l’étranger devra le permettre, l’Assemblée des Français de l’étranger aussi lorsqu’elle sera constituée en juin. Il s’agit pour nous, acteurs de nos communautés, d’attirer l’attention de l’exécutif et du Parlement sur ces mouvements pour que les Français de l’étranger et parmi eux les retraités soient pleinement soutenus, représentés et protégés. Cela s’étend également à de nouveaux champs d’échange avec les autorités des pays de résidence, et notamment les autorités communales et locales. Sur toutes ces questions, il y a pour les conseillers des Français de l’étranger un devoir d’action et de résultat.

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