Ils étaient 200 000 à 300 000 Français à Londres avant la pandémie. Combien seront-ils dans un an ? Une chose est certaine, témoigne Franck Brunet, on en retrouvera une bonne partie en République d’Irlande, où la culture d’entreprise est la même qu’au Royaume-Uni : “On est dans le droit anglo-saxon, c’est une architecture très similaire. Il est très facile de basculer d’un système vers l’autre. Il y a donc la même facilité à créer une entreprise à Dublin qu’à Londres.“
Installé en Irlande depuis 2013, Franck Brunet accompagne les chefs d’entreprise
Le Français accompagne essentiellement des chefs d’entreprise francophones, dans leur stratégie de développement, plus de 1 700 à ce jour. Il emploie aujourd’hui 12 personnes dans quatre bureaux et reconnaît que les demandes se sont emballées fin 2020 : “Tout s’est fait au dernier moment, pendant les fêtes ! Certaines personnes pensaient encore que le Royaume-Uni n’allait pas sortir de l’Europe, mais c’était acté de toutes façons.”
Les banques ont aussi un peu forcé la main de leurs clients pour qu’ils déménagent, Franck Brunet ajoute : “Elles envoyaient un courrier disant : ‘prenez vos dispositions parce qu’avec le Brexit, nous allons limiter ou fermer votre compte’. Donc il y a eu un basculement par rapport à ça.”
Cet afflux massif de nouvelles entreprises est du pain béni pour l’Irlande qui n’en demandait pas tant : c’était déjà le plein emploi là-bas avant la crise. Raison à cela, un taux d’impôt sur les sociétés inférieur de plus de la moitié par rapport à la France.
Géants du numérique
Les nouveaux venus sont surtout des startups portées par la vague du ‘tout digital’ : “C’est principalement le e-business, témoigne Franck Brunet, toutes les activités de vente à distance de produits ou de services dématérialisés.”
Google, Facebook, Apple… Les géants du numérique, eux, n’ont pas attendu le Brexit pour installer leurs sièges Europe à Dublin, il y a plus de 10 ans, et profiter de ces conditions si avantageuses qu’on accuse souvent l’Irlande d’être un paradis fiscal. Faux ! répond Franck Brunet : “Ici, ils n’aiment pas du tout les sociétés boîtes aux lettres. Ils poussent à avoir une implantation et une domiciliation. On n’est pas obligé d’avoir un bureau physique pour créer une société mais ils veulent absolument une activité. Ils se servent par exemple de l’étape de la demande du numéro de TVA pour faire le tri entre vrais et faux entrepreneurs.“
Désormais seule capitale anglophone de l’UE, multiculturelle, Dublin compte sur son statut de cœur européen de la tech pour séduire de nouveaux entrants : le dernier des GAFA, Amazon, vient tout juste de s’implanter à Dublin, créant un réseau de 8 000 emplois, là encore, pour contourner les tracas administratifs liés au Brexit.
La France aussi pourrait se rapprocher de l’Irlande, une fois la pandémie de Covid-19 passée, et dans un contexte de déplacements restreints hors Europe. De nouvelles liaisons maritimes directes entre la France et l’Irlande sont par exemple en projet. Lire et écouter la chronique ici
Lui écrire : contact@societe-france-irlande.com
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