Français à l’étranger : Le V.I.E a 20 ans. Devez-vous encore redoubler d’efforts pour le faire connaître ?
Christophe Lecourtier : En vingt ans, ce programme a concerné à peu près 100 000 jeunes Français, pour atteindre un record au début de l’année 2020 avec presque 11 000 volontaires en poste dans environ 130 pays. Nous comptons toujours de nouvelles entreprises et de nouveaux jeunes candidats. C’est donc un travail inlassable que de faire connaître ce programme qui, de plus, est 100% français. Beaucoup de pays ont cherché à le copier, aucun n’y est parvenu. Pour notre part, cela fait vingt ans que nous faisons du V.I.E une véritable « success story » pour les jeunes et les entreprises. Il convient également de rappeler que 92% des jeunes sont embauchés à l’issue de leur volontariat, chaînon manquant entre la fin des études et le début d’une carrière professionnelle. Cette période est souvent initiatrice : un séjour à l’étranger pendant un ou deux ans est un moment fondateur dans la vie, on se trouve un peu en dehors de ses habitudes, de son pays, et on apprend sur le tas à vivre à l’étranger.
FAE : Après la crise du Covid-19, quelles sont les perspectives pour le V.I.E ?
C. L. : Il a été touché, comme tout ce qui a trait aux échanges économiques internationaux et aux échanges en général. Pour la première fois de son histoire, le programme V.I.E a connu une décrue très importante. Mais aujourd’hui, nous sommes vraiment convaincus que nous serons en situation de repartir de l’avant dès la rentrée de septembre parce qu’un certain nombre de pays qui étaient fermés ont rouvert, même si ce n’est malheureusement pas encore le cas partout, comme en Chine et aux États-Unis.
Par ailleurs, le programme dispose de flexibilités très importantes qui permettent notamment à l’entreprise d’accueillir le jeune volontaire jusqu’à six mois en France afin qu’il s’habitue à ce qu’est l’entreprise, qu’il en découvre les produits et les équipes. Dans une perspective raisonnable – à la fois pour des raisons sanitaires et réglementaires –, je pense qu’on peut dire sans trop se tromper que les États-Unis vont rouvrir dans les quatre ou six mois à venir. C’est vrai aussi pour des pays du Maghreb ou pour certains pays asiatiques.
FAE : Y a-t-il toujours beaucoup de candidats pour peu d’élus ?
C. L. : Nous sommes dans un ratio de quatre à cinq demandes pour un poste et il est vrai que les candidats sont beaucoup plus nombreux depuis la crise. Beaucoup de jeunes se posent des questions sur l’avenir à court terme, sur leur projet à la fin de leurs études. Nous sommes aussi à une saison où beaucoup de cycles universitaires ou de formation s’achèvent, et avec ce que nous avons vécu depuis dix-huit mois il y a une soif, une envie de repartir à l’assaut du monde. Cette énergie est très positive pour la France et pour ses entreprises. Nous souhaitons la transformer en une opération de reconquête des jeunes, mais aussi, bien entendu, pour les entreprises présentes à l’international.
FAE : Comment est financé le programme ?
C. L. : Il était jusqu’à présent exempté de cotisations sociales et de fiscalité. Ce n’était donc pas une aide directe, mais ces exemptions représentaient tout de même un gros coup de pouce. Dans le contexte de la relance de l’export, le gouvernement a voulu attribuer un chèque, une subvention directe à l’entreprise qui peut d’ailleurs s’ajouter à des subventions régionales, également assez nombreuses. Ainsi le coût d’un V.I.E (Entre 30 000 et 40 000 euros en moyenne, ndlr) peut être complètement subventionné par la puissance publique pour une année complète, voire davantage. Ceci est une première qui s’adresse aux PME en priorité – car nous pensons que c’est par elles que la relance doit commencer –, mais aussi à toutes les entreprises, y compris les grandes sociétés qui accueillent un V.I.E issu de la diversité, c’est-à-dire des quartiers prioritaires pour la politique de la ville, ou de formations courtes. Nous sommes vraiment convaincus qu’il faut embrasser la jeunesse, aller chercher des jeunes de toutes origines et de toutes formations, et compter sur cette diversité pour favoriser ce mouvement de retour à l’international de nos entreprises.