Son travail consiste à suivre le processus dit de « producing » dans le jeu vidéo : « Nous supervisons toutes les équipes pour piloter le projet et faire en sorte que le jeu sorte en temps et en heure, avec la qualité voulue », résume Quentin Correggi, actuellement producteur associé chez Ubisoft, en attendant de gravir l’ultime échelon. « La réalisation d’un jeu vidéo mobilise énormément d’équipes, détaille-t-il. Des centaines de personnes travaillent sur un même projet, la plupart du temps sur plusieurs années, et de nombreux corps de métiers interviennent : programmeurs, artistes, animateurs, designers ou encore des narratifs qui vont écrire l’histoire du jeu et son scénario. Mon rôle est de mettre un peu d’huile dans les rouages, de piloter toutes ces équipes et faire en sorte qu’elles communiquent et travaillent convenablement ensemble. »
La plupart du temps, les projets sont développés en parallèle dans plusieurs pays, chaque studio étant chargé d’une partie différente du jeu, avec de nombreuses contraintes en termes de coordination ou de décalage horaire. La mission de Quentin Correggi est également de tenir les cordons de la bourse : « Ubisoft alloue un certain budget au développement de chaque projet. Le producteur est en charge de la bonne utilisation de cette enveloppe. C’est une dimension importante au-delà des aspects d’organisation, de management et de pilotage du projet. »
Tour de magie
Quentin Correggi a donc commencé par un diplôme d’ingénieur au sein de l’école d’ingénieurs Supélec (devenue Centrale Supélec, ndlr). Sorti en 2014, il commence par une année de césure chez Canal Plus en gestion de projet, avant de pouvoir accéder à sa passion. « Je suis un fan inconditionnel de jeux vidéo, reconnaît-il, et lors d’un forum d’entreprises organisé par l’école, j’ai eu la chance de rencontrer les responsables d’Ubisoft qui démarraient un “graduate program”, un programme d’embauches de jeunes diplômés. » Le cursus se révèle très sélectif avec un ou deux candidats retenus par an et par pays. La formule dure deux ans : une année en France et une autre à l’étranger, à l’issue de laquelle, la plupart du temps, un CDI est proposé au jeune. Quentin Correggi est sélectionné et effectue sa deuxième année sous cette forme dans le cadre d’un V.I.E. « Pour la petite histoire, je n’avais pas une expérience professionnelle très étoffée, mais la personne en charge des ressources humaines d’Ubisoft a remarqué sur mon CV que j’étais magicien amateur. Elle m’a demandé de lui faire un tour et je pense que j’ai dû marquer un peu sa journée ! »
Calmes et posés
Le V.I.E est une formule à laquelle Quentin Correggi s’est très tôt intéressé : « Pour valider un diplôme d’ingénieur, il est désormais obligatoire d’avoir un minimum d’expérience à l’étranger, or le V.I.E permet de l’acquérir. C’était donc l’une des pistes que j’envisageais. » Le jeune homme est ainsi parti en mission durant un an à Malmö, en Suède. « J’ai eu la chance de travailler sur le projet qui m’a probablement donné envie de rejoindre Ubisoft, à savoir un nouveau jeu que j’ai pu accompagner jusqu’à sa commercialisation. » Le Français a découvert à cette occasion une culture professionnelle bien différente : « En Suède, les gens sont beaucoup plus calmes et posés au travail, ils maîtrisent mieux leurs émotions, ce qui ne les empêche pas d’être passionnés par ce qu’ils font, mais avec beaucoup plus de sang-froid qu’en France. » Depuis 2018, Quentin Correggi, âgé aujourd’hui de 30 ans, a intégré le siège d’Ubisoft, à Montrouge, près de Paris. Il y poursuit sa carrière avec un enthousiasme qui ne se dément pas.