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Français à l'étranger
17 août 2021

Interviews de l'été : Rencontre avec Nadia Chaaya

Les élections consulaires de mai dernier ont révélé une nouvelle génération d'élus aux origines et aux parcours singuliers. Durant tout l'été, nous vous proposons de découvrir ces nouveaux visages qui représentent la France et les Français à l'étranger. Aujourd'hui, rencontre avec Nadia Chaaya, Conseillère consulaire de la circonscription de Djeddah et du Yémen.

Français à l’étranger : Quels sont les grands enjeux de votre circonscription et comment entendez-vous
conduire votre action ?

Nadia Chaaya : La circonscription de Djeddah et du Yémen se situe dans une région qui, grâce à la vision  2030 lancée par le Prince héritier d’Arabie Saoudite, le Prince Mohamed Bin Salman, est au cœur d’un immense projet d’innovation et de changement. L’Arabie Saoudite s’ouvre ainsi au monde et accueille hommes d’affaires et touristes pour leur faire découvrir les riches potentialités de ce pays membre du G20. De plus en plus de Français peuvent désormais obtenir aisément leurs visas par voie électronique et venir découvrir le Royaume. Je suis entièrement disposée à informer nos compatriotes des différentes modalités de visite afin que leur séjour soit réussi.

FAE : Selon vous, quels seront le cadre et les limites de votre champ d’action ?

N.C :  Le statut de conseiller est essentiellement basé sur 4 grands axes : la sécurité des Français, les aides sociales, l’enseignement et la formation. Toutefois, comme vous le savez, le rôle primordial du conseiller consulaire est à la fois la disponibilité et la proximité. C’est pourquoi, je ne me fixe personnellement aucune limite. Du moment qu’un compatriote me sollicite je me consacre entièrement à son dossier et fait tout le possible au niveau du poste, au niveau des autorités locales ou au niveau de nos parlementaires.

FAE  : Pourquoi avez-vous souhaité vous impliquer dans ces responsabilités consulaires ?

N.C : M’impliquer dans des responsabilités consulaires est pour moi un engagement naturel puisqu’il se situe dans une continuité logique. En effet, j’ai vécu mon enfance au Liban, pendant les années de guerre. Cette période extrêmement difficile pour tous les Libanais a fortement marqué ma personnalité : il fallait à tout moment donner de soi pour que la communauté vive et survive. L’entraide, la solidarité et la bienfaisance ont ainsi profondément modelé ma façon de penser, de réagir et d’entreprendre. Partant de là, élue de proximité depuis 2014, je n’ai rencontré aucune difficulté à me consacrer à la communauté française expatriée. Écouter nos compatriotes, les informer, les conseiller et surtout leur apporter toute l’aide possible : telles sont les bases fondamentales de mon action pour laquelle j’ai été honorée de recevoir en retour, de la part de nos compatriotes, reconnaissance et confiance. En effet, lors des dernières élections consulaires, notre liste a remporté tous les sièges de notre circonscription.

FAE : Avez-vous rencontré des difficultés d’intégration dans votre pays d’accueil et quels sont vos liens avec la communauté française présente ?

N.C : L’Arabie Saoudite est avant tout un pays d’accueil, son peuple est très convivial avec les étrangers.
J’y suis installée avec mon mari depuis 21 ans. Mes deux enfants, Alexandra et Elie, ont suivi leur scolarité au Lycée français de Djeddah, ce qui a amplement facilité notre séjour vu que mon mari et moi-même étions particulièrement attentifs à ce qu’ils fassent leurs études dans le système français. Vivre à l’étranger impose de s’ouvrir à la différence, de l’apprécier et de s’y adapter. L’ouverture d’esprit ainsi que l’esprit d’adaptation sont des valeurs primordiales. J’ai eu la chance, en tant que cheffe d’entreprise, d’avoir des liens directs avec les Saoudiennes et les Saoudiens, et par là-même de découvrir leur culture, leur mode de vie, leurs traditions, leur esprit de solidarité et leur esprit d’entraide au niveau personnel ou associatif.

FAE : Aviez-vous précédemment un lien particulier, par exemple familial, avec le pays dans lequel vous avez été élu ?

N.C : Le lien le plus fort et qui certainement a beaucoup d’importance, c’est la maitrise de la langue arabe. J’avoue que pour ma fonction d’élue cela m’a beaucoup aidé notamment pour régler les difficultés rencontrées par nos compatriotes dans leur pays d’accueil .

FAE : Avez-vous connu d’autres expériences d’expatriation ?

N.C : J’ai vécu toute mon enfance à Beyrouth, aux heures les plus noires vécues par le Liban. Ensuite j’ai vécu en Suisse et en France pour mes études en communication. Par la suite, j’ai vécu aux États-Unis et enfin, depuis 2001, je suis installée au Royaume d’Arabie Saoudite.

FAE : Quel est votre parcours professionnel ?

N.C : Sur le plan professionnel, j’ai d’abord été gérante d’une entreprise paramédicale. Mes études scolaires à l’École des Sœurs de Besançon puis dans le domaine de la communication, en France, m’ont permis d’assumer diverses responsabilités et fonctions couvrant tous les aspects relatifs à l’accueil, à la communication, au marketing, à la comptabilité, au recrutement et à l’ensemble de la gestion. Cette polyvalence professionnelle m’a permis, en 2017, devenir entrepreneuse cheffe d’entreprise dans le
domaine de l’immobilier. Mon activité professionnelle, couplée à mon souci permanent de porter aide et soutien à toute personne qui en a besoin, ne m’a jamais fait oublier mon activité familiale. Je conçois, en effet, les deux activités comme étant inséparables.

FAE : Disposez-vous de la double nationalité ? Ce statut vous semble-t-il présenter un quelconque avantage ?

N.C : J’ai la nationalité libanaise par naissance. Ce n’est pas autant un avantage qu’une richesse incomparable, car je suis imprégnée des deux nationalités, des deux cultures, des deux langues. Être franco-libanaise me donne en effet une double dimension humaine. Je suis capable de parfaitement comprendre et mesurer la différence entre les individus venant de cultures différentes, de mentalités différentes et d’expression différente. C’est là que se situe la richesse d’avoir une vision large des choses et d’avoir constamment un esprit de consensus dépassant les simples considérations immédiates et personnelles.

FAE : Si vous ne deviez retenir qu’un souvenir heureux… et un autre malheureux de votre vie à l’étranger, quels seraient-ils ?

N.C : Je suis de nature très positive et flexible, j’ai eu beaucoup de moments heureux, surtout avec ma petite famille à l’étranger ; cela nous a beaucoup soudés. Je ne peux certainement pas parler de souvenir malheureux, mais juste le fait d’être loin physiquement de ma famille et surtout de mes enfants qui vivent en France, m’attriste de temps en temps.

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