Sécurité dans le monde : gros plan sur les zones de vigilance du 18 au 23 aout 2021

Afrique

> Côte d’Ivoire

Revenu au pays le 17 juin dernier après dix ans d’absence et son acquittement par la Cour pénale internationale en janvier 2019, Laurent Gbagbo confirme son retour sur la scène politique ivoirienne en annonçant la création imminente d’un nouveau mouvement politique. Il laisse ainsi les rênes du Front populaire ivoirien (FPI) à Pascal Affi N’Guessan avec qui il avait autrefois cofondé ce parti. Cette nouvelle carte jouée par l’ancien président ivoirien (d’octobre 2000 à avril 2011) pourrait ajouter à la confusion et aux tensions internes en vue des prochaines élections présidentielles de 2025. Pour rappel, le scrutin d’octobre 2020 s’était traduit par la réélection controversée d’Alassane Ouattara pour un troisième mandat, ce dernier ayant pourtant initialement annoncé qu’il ne se représenterait pas.

> Mozambique

Le groupe islamiste terroriste Al-Sunnah qui sévit essentiellement dans la province du Cabo Delgado, au nord-est du Mozambique, vient d’enregistrer un important revers avec la reprise par les forces de sécurité mozambicaines, le 8 août dernier, de la ville portuaire de Mocímboa da Praia, au bord de l’océan Indien. Menée conjointement avec des forces de sécurité rwandaises, cette opération, qui a suivi celle conduite une semaine auparavant dans la localité d’Awase (également dans le district de Mocímboa da Praia), a eu pour effet de repousser le groupe islamiste qui tenait les lieux depuis août 2020. Cette reprise de la ville portuaire va aussi permettre de renouer avec les approvisionnements, notamment humanitaires dans cette province du Cabo Delgado. Pour autant, bon nombre d’infrastructures ont été détruites dans cette région depuis le passage d’Al-Sunnah, et la menace exercée par le groupe terroriste demeure patente contre des villages isolés ainsi que sur des installations qui revêtent une dimension stratégique.

Afrique du Nord/Moyen-Orient

> Algérie

Le nord-est du pays, et principalement la Kabylie, concentre la plus grande partie de la centaine de départs de feu recensés depuis le 9 août dernier. Au moins 90 personnes, dont 33 soldats, ont perdu la vie dans ces incendies que les autorités algériennes, qui ont arrêté 22 suspects, considèrent comme résultant d’initiatives criminelles. L’horreur a également été atteinte avec le lynchage par la foule à Larbaa Nath Irathen (sud-est de Tizi Ouzou), le 11 août, d’un homme accusé à tort de pyromanie. Ce jeune homme, Djamel Bensmail, artiste et militant du Hirak, venait d’être arrêté par la police dans des circonstances opaques. Le gouvernement algérien est aussi la cible des nombreuses critiques de la population qui lui reproche sa passivité envers les populations affectées.

> Liban

L’explosion d’un camion-citerne dans le gouvernorat d’Akkar (nord du Liban) a causé la mort d’au moins 28 personnes et fait quelque 79 blessés dans la nuit du 14 au 15 août. Cet accident est survenu trois jours après que la population dut faire face à une nouvelle pénurie d’essence et d’électricité, conséquence de la décision de la banque centrale de mettre fin aux subventions sur l’essence. Quasiment un an après la double explosion du port de Beyrouth et dans le contexte d’incurie de l’État libanais, ce nouveau drame tend à exacerber de nouveau les tensions au sein de la société libanaise.

> Région

Les 18 et 19 août, les célébrations d’Achoura, qui commémorent la mort de l’imam Husayn ibn Ali, sont d’une importance majeure pour la communauté musulmane chiite. En conséquence, des mesures de sécurité renforcées ont été mises en place à Bahreïn, en Iran, Irak, Koweït et en Arabie saoudite. Comme l’illustrent les explosifs interceptés les 11 août par les autorités irakiennes à Bagdad, cette grande fête chiite qui se décline via des célébrations dans plusieurs localités, dont celle de grande ampleur dans la ville irakienne de Kerbala, est aussi une cible potentielle importante pour des groupes armés sunnites, et particulièrement pour le groupe terroriste de  l’Etat islamique.

Amériques

> Haïti

Après le terrible séisme de janvier 2010 qui avait fait plus de 200.000 morts et 300.000 blessés, le pays a été de nouveau confronté à un séisme d’ampleur (d’une magnitude de 7,2 sur l’échelle de Richter) dans la matinée du 14 août. Ce tremblement de terre et ses répliques faisait état, à l’heure où nous publions, de plus de 1.300 morts et 5.700 blessés. Les recherches de personnes ensevelies se poursuivent dans les zones affectées par le séisme, notamment dans les départements de Grand’Anse, du Sud et de Nippes, mais de nombreuses infrastructures sont d’ores et déjà détruites et le travail des secours pourrait être compliquée par l’arrivée de la dépression tropicale Grace dans les prochains jours, avec sa cohorte de pluies torrentielles et de vents violents.

Asie-Pacifique

> Afghanistan

Déjà au pouvoir entre 1996 et 2001, le mouvement des talibans est de retour à la tête de l’Afghanistan. Terme de la conquête de plusieurs provinces du pays avec une progression rapide depuis début août, le groupe islamiste radical est entré la capitale Kaboul ce 15 août, filmant comme un emblème son arrivée dans le palais présidentiel. Alors que le président Ashraf Ghani a quitté le pays, la plus grande partie des ambassades étrangères procèdent à l’évacuation de leurs personnels diplomatiques et de leurs derniers ressortissants. Dans le même temps, des scènes de panique ont été constatées sur l’aéroport international Hamid-Karzai où de nombreux ressortissants afghans cherchent coûte que coûte à quitter le pays pour trouver refuge à l’étranger.

> Thaïlande

Initié en octobre 2020, le mouvement pro-démocratie, qui exige une réforme de la monarchie thaïlandaise, reprend de la vigueur depuis le début de ce mois d’août. Plusieurs manifestations émaillées de violences ont ainsi eu lieu dans la capitale Bangkok, où le quartier de Din Daeng a vu des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre à cinq reprises durant la seule semaine écoulée. Le 15 août, les groupes contestataires ont également tenter de rallier la résidence du Premier ministre, tandis que de nombreuses manifestations se déroulaient parallèlement dans plusieurs villes du pays.