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Nora Litoussi
24 août 2021

Interviews de l'été : Rencontre avec Jean Lestienne

Les élections consulaires de mai dernier ont révélé une nouvelle génération d’élus aux origines et aux parcours singuliers. Durant tout l’été, nous vous proposons de découvrir ces nouveaux visages qui représentent la France et les Français à l'étranger. Aujourd’hui, rencontre avec Jean Lestienne, Conseiller consulaire réélu au Cambodge.

Français à l’étranger : Quels sont les grands enjeux de votre circonscription et comment entendez-vous conduire votre action ?

Jean Lestienne : Les grands enjeux restent le redressement de la situation économique pour l’ensemble de la communauté française qui, pour beaucoup attachés aux métiers du tourisme, ont tout perdu. Je me suis présenté à cette élection afin d’aider nos compatriotes. La grande majorité de ceux-ci sont des entrepreneurs, ils sont venus ici avec beaucoup d’espoir, ont ouvert des restaurants, des hôtels, des guest house, des agences de voyages, des petites entreprises artisanales, des commerces. Aujourd’hui sans argent et sans aide spécifique ils n’ont plus beaucoup de choix. Il ne faut pas oublier les autres entreprises qui ont également des problèmes d’augmentation des coûts de matières premières et les salariés qu’ils s’efforcent de garder. Soit tous ces entrepreneurs peuvent encore résister quelques mois, soit certains devront rentrer en France. Dans son histoire, à la suite de conflits, la France a dû accueillir des rapatriés et les aider financièrement, pourquoi pas considérer que cette pandémie est une guerre économique et apporter l’aide à toute cette population de français de l’étranger. Les autorités françaises ont aidé nos ressortissants et le font encore à travers les aides Covid et les subventions donner par l’intermédiaire des associations présentes sur place. Je rencontre beaucoup d’entrepreneurs, la plupart me disent que les aides qui sont distribuées par l’Ambassade ne sont pas la solution, celle-ci donne 100 euros par mois pendant 4 mois, ils me disent que bien entendu ces aides ponctuelles sont utiles mais après. Ils veulent un vrai plan, des prêts garantis, des aides sur les pertes de CA, bref comme nos amis en France. Mon travail consiste à solliciter nos représentants au sénat et à l’assemblée. Je rencontre beaucoup de personnes et nous réfléchissons ensemble pour trouver des solutions. Ces discussions permettent d’avoir des idées que je remonte et surtout ils ne se sentent pas abandonnés.

FAE : Selon vous, quels seront le cadre et les limites de votre champ d’action ?

J.L : Notre mandat ne nous transforme pas en législateur. Ceux qui font croire qu’ils vont changer les choses mentent. Ni les autorités françaises locales ni les représentants des français de l’étrangers ne peuvent changer les lois françaises et encore moins cambodgiennes. L’Ambassade nous écoute et rend compte au Ministère des Affaires Etrangères ( MAE )qui prendra la décision et aura le dernier mot.
Notre travail consiste à travailler avec l’Ambassade pour améliorer la vie des Français du Cambodge, dans beaucoup de domaines comme les bourses scolaires, l’aide sociale, les dossiers CFE et beaucoup d’autres commissions. Il faut reconnaître que le travail que nous faisons avec l’Ambassade et les recommandations que nous faisons sont souvent validées par le MAE .

Nous pourrions avoir plus de poids si au lieu de n’être que des voix consultatives auprès des établissements recevant des subventions de l’état Français, nous puissions avoir une voix dans les conseils d’administrations.

FAE : Pourquoi avez-vous souhaité vous impliquer dans ces responsabilités consulaires ?

J.L : Ma réponse est simple et peut choquer. J’ai été syndicaliste, j’ai été membre d’associations sociales, et maintenant élu local mais c’est à moi que cela fait plaisir,  j’aime ça. En effet, qui pourrait accepter de se mettre à la disposition des autres, peu de remerciements et beaucoup de reproches parfois désagréables. En ce qui me concerne, c’est un vote parmi les adhérents de notre association qui m’a nommé tête de liste et je reconnais que j’en suis fier.

Néanmoins, je suis choqué que des candidats, quelles que soient les élections, utilisent les élections comme marche-pied, c’est un manque de respect pour les électeurs. Ils ne se sentent pas responsables, ce n’est pas leurs choix c’est : « la France qui les appelle , ou des centaines de personnes qui les ont sollicité » non ce ne sont que des opportunistes. Avec FDM ADFE Cambodge, c’est humblement que nous voulons aider les Français du Cambodge.

FAE : Avez-vous rencontré des difficultés d’intégration dans votre pays d’accueil et quels sont vos liens avec la communauté française présente ?

J.L : Non aucunes difficultés d’intégration. Je suis arrivé au Cambodge il y a 14 ans. Avec des amis, j’ai
investi dans deux hôtels, qui malheureusement ont dû fermer l’année dernière. Je relativise, les premières années étaient de bonnes années. Je rencontre la communauté française régulièrement. Elle est comme partout, un peu râleuse, mais comme en France, la grande majorité des compatriotes sont dans des associations ou pas mais aident beaucoup leurs compatriotes et les Cambodgiens. Nous pouvons être fiers de notre nationalité, cela remonte le moral.

Notre pays d’accueil fait tout ce qu’il peut pour la population y compris les ressortissants étrangers. La crise sanitaire est gérée, tout le monde peut être vacciné gratuitement, des taxes ont été suspendues au début de la crise, beaucoup de Cambodgien ont réduit les loyers. Je rencontre les gens avec qui nous travaillons sur des choses concrètes :  assurance, aide aux dossiers de bourses,…. Le dernier dossier traité est celui d’un compatriote qui a fait valoir ces droits à la retraite depuis le Cambodge et après plusieurs semaines de travail avec la CNAV, mails, téléphones,  la demande a été validée, notre ami va recevoir sa retraite.

FAE : Aviez-vous précédemment un lien particulier, par exemple familial, avec le pays dans lequel vous avez été élu ?

J.L : Pas du tout, c’était le fruit du hasard. Je ne connaissais pas l’Asie, un ami m’a invité et j’y suis resté. J’ai investi et surtout j’ai rencontré Sina avec qui je me suis marié et nous avons eu un enfant. J’ai ouvert un nouveau chapitre de ma vie et rencontré beaucoup de personnes extraordinaires.

FAE : Avez-vous connu d’autres expériences d’expatriation ?

J.L : Je n’ai pas eu trop de mal à m’intégrer au Cambodge car ma carrière professionnelle m’a permis
d’être expatrié au Pérou et au Venezuela.  J’ai eu un parcours assez atypique. Ayant commencé à travailler à 16 ans sans diplôme, j’ai eu plusieurs petits métiers avant de rentrer dans une grande entreprise comme manutentionnaire. J’ai également suivi des cours du soir et, à force de volonté et de travail, je suis devenu commercial puis responsable export. J’ai adoré mon métier qui m’a permis de voyager et de rencontrer des personnes de tous horizons. Tout cela était possible à l’époque. Je me permets de conseiller aux plus jeunes de commencer par un bagage scolaire, quel qu’il soit. Il n’y a pas de sots métiers.

FAE : Disposez-vous de la double nationalité ? Ce statut vous semble-t-il présenter un quelconque
avantage ?

J.L : Je ne dispose pas de la double nationalité. Néanmoins, la double nationalité reste un avantage quel que soit le cas ,mon fils en est le fruit. Cette double nationalité permet une ouverture d’esprit et permet d’acquérir une richesse socioculturelle car on efface la barrière de la langue.

FAE : Si vous ne deviez retenir qu’un souvenir heureux… et un autre malheureux de votre vie à l’étranger, quels seraient-ils ?

J.L : Le souvenir le plus heureux est bien entendu d’avoir rencontré celle qui allait devenir ma femme et
qui nous a donné un fils Je n’imaginais pas redécouvrir l’amour en partant à la retraite. Je n’ai pas de souvenirs malheureux.

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