Français à l’étranger : Avant de revenir sur les chiffres flamboyants du lycée international Winston Churchill, je reviendrais à la source de ce projet dont vous êtes la proviseure fondatrice. Quelles ont été vos motivations pour vous lancer dans un tel projet ?
Mireille Rabaté : Cela s’est présenté comme une opportunité de créer quelque chose de nouveau. Ce n’est pas seulement une nouvelle école mais une école renouvelée dans le sens où la pédagogie et la mission que se donne l’école, les valeurs qu’elle promeut, la manière dont l’école fonctionne à la fois entre le corps enseignant et entre les enfants, parents et enseignants soit conforme à ce qu’une école devrait être au 21ème siècle.
Le conseil de gouvernance qui m’a engagé à l’époque m’a donné carte blanche, avec pour mission « faites la meilleure école possible pour le 21ème siècle ».
FAE : Le lycée Winston Churchill enregistre cette année, et pour la troisième année consécutive, un résultat de 100% de réussite aux épreuves du brevet, du baccalauréat et du baccalauréat international. A quoi devez-vous cette réussite ?
MR : La première génération de baccalauréat a eu lieu en 2018, de ce fait nous avons toujours eu 100 % de réussite. Ces résultats sont très positifs d’autant plus que l’école ne pratique pas de sélection pour l’admission des élèves. Nous conduisons les élèves à des succès supérieurs à ce que les élèves pensaient, y compris pour les très bons élèves.
En effet, l’élève est placé au centre des préoccupations de l’école avec l’idée que tous les élèves peuvent apprendre et se développer. Nous avons confiance en nos élèves, en nos méthodes et nous développons cette confiance. La principale compétence qui assure le succès, et pas seulement celui du baccalauréat mais à l’université ou dans la vie des jeunes, c’est la capacité à avoir confiance en soi. L’un des principes de notre école « L’excellence par la bienveillance » en est une démonstration. L’ambition est de donner aux élèves la confiance dont ils ont besoin et qui, a long terme, sera indispensable.
FAE : Comment s’est organisé l’enseignement pendant cette période de pandémie ?
MR : Depuis 2015 nous avons choisi d’utiliser tous les moyens de communication et de collaboration qui sont à notre disposition aujourd’hui (google classroom, zoom…) et nous avions déjà fait plusieurs semaines d’enseignement en ligne. Notamment pendant la période d’examen en juin, les élèves qui n’étaient pas concernés suivaient l’enseignement en ligne. Le lycée était « surentrainé » et cela n’a fait aucune différence : le lundi soir l’école a fermé et le mardi matin toutes les classes se poursuivaient en ligne.
On avait préparé depuis longtemps des éventualités de ce type parce que nous avons toujours réfléchis à des moyens de faire en sorte que l’école ai lieu n’importe où.
L’école présente désormais un programme Lycée Churchill connected pour des élèves qui ne pourraient pas du tout aller dans une école en présentiel.
En outre, ce que nous avons parfaitement réussi pendant ces confinements successifs c’est le maintien de toutes les autres activités, en particulier les activités de webbing, les activités de bien-être et de conseil, le lien avec les parents. Des liens très forts avec la communauté ont été conservés notamment du fait que ces liens étaient déjà présents.
Cette épreuve a renforcé les équipes puisque cela a été une épreuve commune à l’ensemble des intervenants de l’école.
FAE : Le Brexit a-t-il eu un impact quelconque sur le lycée Winston Churchill ?
MR : Je pense que pour un certain nombre de famille et même d’enseignant, le double effet du Brexit et de la pandémie ont fait réajuster les priorités. Nous avons constaté une baisse d’arrivée cette année.
FAE : Quelles sont les particularités qui différencient le lycée Winston Churchill du reste du réseau d’enseignement français ?
M.R : D’abord parce que l’on propose à la fois la préparation des programmes et des examens français mais aussi à partir de la sixième, la préparation et l’examen du baccalauréat international.
Ensuite parce que les plus petits (de 3 ans à 10 ans) sont dans un environnement complètement bilingue. Les 3-4ans sont en présence toute la journée de deux professeurs, l’un parlant français l’autre parlant anglais. A partir de la grande section, ils ont 50% des cours dispensés en français et 50% des cours dispensés en anglais. Les bénéfices d’un enseignement bilingue sont très nombreux.
FAE : Quel avenir pour les étudiants à la sortie du baccalauréat ?
M.R : Nous disposons d’un service « carrière et orientation » ultra performant qui s’adresse à tous les élèves et qui s’occupe notamment de l’entrée de ces derniers dans les universités. Nous avons tous les ans des élèves à l’université de Cambridge, de l’Imperial, de Bristol, de St Andrews, Centrale Saint Martins… Nous avons donc des étudiants dans des universités variées et des pays variés.
Aujourd’hui nous avons quatre générations d’anciens élèves qui sont partout dans le monde, et ceux qui ont eu le baccalauréat en 2018 entrent en Master. Certains nous recontactent encore pour des conseils et nous les rencontrons tous les ans en décembre lors d’une soirée, pour se retrouver entre élèves et professeurs.
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