C’était un mardi. Sophie Raubiet prenait son petit déjeuner avec son compagnon dans leur appartement, au 45e étage d’un immeuble de Manhattan, à deux blocs des tours jumelles : « J’étais à la fenêtre, j’ai vu le premier avion arriver par le nord, raconte la Française. Il volait très bas, j’ai cru qu’il avait un problème technique, qu’il ne parvenait pas à monter. Il est passé juste au-dessus de nous dans un vacarme assourdissant et on a entendu un grand bruit au moment où il est entré dans la première tour, c’était comme si une bombe explosait. La terre a tremblé. Vingt minutes après, quand le deuxième avion a percuté l’autre tour jumelle, en trois secondes on a su que ce n’était pas un accident. »
Souvenir intact
Cette année, l’anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 coïncide à quelques jours près avec le retrait total des troupes américaines d’Afghanistan fin août, au bout de vingt ans d’une guerre sans fin qui a tourné au fiasco pour les présidents qui se sont succédé à la Maison Blanche.
Vingt ans après ces attaques suicides qui ont coûté la vie à près de 3 000 personnes, le souvenir reste intact dans la mémoire de ceux qui les ont vécus, mais les jeunes, eux, le découvrent dans les livres d’histoire : « Pour eux, ce n’est pas vraiment un sujet. Depuis, il y a eu la crise et la récession de 2008 et la pandémie de Covid-19, des catastrophes que New York a vécues et auxquelles elle a survécu. Ce qui m’étonne, c’est qu’on répète à l’envi “we willl never forget”, (“on n’oubliera jamais”), alors qu’on a vite tourné la page, on est passé à autre chose. Bien sûr, ceux qui ont perdu un proche s’en souviendront et revivront ce moment de façon très forte. »