Une reprise économique robuste
Les retards de consommation et les investissements réalisés durant les périodes de confinement portent leurs fruits, permettant ainsi aux résultats des entreprises de largement dépasser les prévisions. Malgré les tensions sur les coûts de production, les pénuries, l’inflation avec la montée des prix, les entreprises continuent d’adopter un discours très optimiste mais compréhensible après des mois d’arrêt économique.
Toutefois, la persistance des taux d’intérêt aussi bas interroge. Certes, depuis le début de cette crise les Banques Centrales ont pris la main sur la courbe des taux et sont au service du financement des États encore plus endettés après les importants soutiens budgétaires nécessaires consentis. Mais les derniers mouvements sont quand même étonnants : les taux d’intérêt obligataires à long terme se sont à nouveau détendus de l’ordre de 10 points de base cet été et les rendements se stabilisent autour de 1,30 % sur le T-Notes US 10 ans et -0,40 % sur le Bund allemand correspondant.
Une réduction des soutiens monétaires des Banques Centrales
Les marchés redoutent la fin des soutiens monétaires des Banques Centrales, tant il est clair que les politiques actuelles favorisent largement l’expansion du prix des actifs. Cependant, rassurons-nous, ce moment ne semble pas imminent. En effet, la Banque Centrale américaine a de nouveau rassuré les marchés en restant très floue sur le calendrier d’une réduction de ses achats d’actifs (« tapering »), ce qui a rassuré les investisseurs. Par ailleurs, en dépit d’une inflation à plus de 5,0 % et d’une forte création d’emploi ramenant le taux de chômage à 5,4 %, la relève des taux d’intérêt ne semble pas urgente pour la Banque Centrale.
Il paraît donc évident que la Réserve fédérale agit aussi au service d’un État américain très endetté et qui va le rester encore étant donné les plans d’investissement gouvernementaux envisagés. Toutefois, le retour potentiel d’une vague de la Covid-19 justifie plus facilement cette politique si accommandante.
En effet, l’épidémie semble repartir à la hausse dans certains pays et laisse planer un risque économique, même si les vaccins ont quand même prouvé leur efficacité. Cependant, à ce jour, seule près de 65 % de la population du monde développé est vaccinée contre seulement 10 % pour le monde émergent (hors Chine). Certains spécialistes estiment donc qu’il faudra vivre encore plusieurs années avec l’apparition successives de différents variants, ce qui pèse sur le potentiel de croissance et incite les investisseurs à être plus prudents.
En zone Euro, une pression s’opère également sur la BCE – silencieuse depuis plusieurs mois – avec la remontée de l’inflation et d’un probable ralentissement de la cadence d’achat : 3,0 % d’inflation globale, dont 1,6 % sur le cœur (inflation hors alimentation et énergie).
Dans ce contexte, une remontée très progressive des taux d’intérêt d’ici la fin d’année tant aux États-Unis (1,75 %) qu’en Europe (-0,20 %) est attendue. Cette lente remontée, pilotée par les Banques Centrales, ne devrait pas apporter d’importants chocs de volatilité sur les marchés. Le seul risque pourrait être celui d’une remontée désordonnée des taux sur fond d’inflation persistante et de Banques Centrales contraintes.
Côté crédit, la situation financière des entreprises étant en amélioration, aucune inquiétude n’est à prévoir. En effet, le mécanisme de besoin de rendements et d’investissements, associé aux achats des Banques Centrales (même en réduction), maintiendra les spreads (écart de taux) sur les niveaux actuels assez serrés.
L’économie chinoise ralentit
La Chine pourtant en avance temporelle dans la diffusion de l’épidémie et dans la réouverture de son économie, semble montrer quelques sérieux signes de ralentissement de son économie.
Deuxième économie mondiale, ce pays a naturellement un impact important sur la conjoncture internationale, mais ce n’est pas le seul point ayant marqué l’actualité estivale. En effet, le dur virage « réglementaire » pris par le gouvernement chinois pour une économie plus redistributive a induit une violente correction des valeurs du luxe à Paris, ce qui illustre bien l’impact des décisions politiques de ce pays sur le reste du monde. À noter que le régime politique chinois permet cette prise de décision brutale, mais que les problématiques sociétales du pays sont similaires à bien des égards à celle que nous avons au sein des pays occidentaux. En effet, la faiblesse des natalités pèse sur la croissance à long terme et sur le financement des retraites et la cohésion sociale est défaillante. Ces problématiques sont d’autant plus accentuées par les écarts de richesse d’autant plus conséquents post crise sanitaire.
C’est donc dans ce contexte qu’il faut comprendre que cette incertitude « réglementaire » intempestive peut continuer à peser sur la tendance boursière à court terme. L’intervention croissante et structurelle de l’État chinois risque de peser sur le dynamisme économique entrepreneurial en impactant également l’attractivité des actions chinoises sur le marché international.
Les dernières annonces de réduction de soutien monétaire de la part des Banques Centrales se sont passées sans heurt et celles-ci doivent veiller à ce que cela se poursuive durant la phase de sortie progressive de la pandémie pour les pays développés. Les taux devraient être orientés légèrement à la hausse dans les mois à venir mais sans inquiéter fortement les marchés d’actifs risqués. Il convient donc de conserver une position neutre sur les actions dans nos allocations stratégiques. De plus, les mesures de relance annoncées dans les différents États apportent des perspectives positives pour les mois à venir.