Des lacs à perte de vue, des forêts de bouleaux, des aurores boréales et surtout l’espace : Marion Lefèvre a choisi Rovaniemi, dans le grand nord finlandais, pour s’installer depuis deux ans avec son compagnon, lui-même originaire de Laponie. La Française a découvert la région au cours d’un échange Erasmus : “C’est une ville assez dynamique et qui reste à taille humaine, avec de la forêt partout autour, accessible à pied depuis le centre- ville. Il y a une qualité de vie que je ne retrouve pas en France.”
On pourrait donc imaginer que les candidats se bousculent au portillon. Eh bien non ! Même encensée chaque année par le classement de l’ONU, plébiscitée par ceux qui y vivent, la Finlande manque de bras.
Le pays doit au minimum multiplier par deux le nombre de travailleurs étrangers qu’elle accueille chaque année pour pourvoir tous les emplois disponibles, pallier le vieillissement de la population et la fuite de ses talents : « … Les secteurs où ils recrutent des étrangers sont ceux dans lesquels les Finlandais ne veulent pas travailler comme la cuisine ou des métiers durs et pas forcément bien payés. Les natifs n’en veulent pas… »
À 25 ans, Marion Lefèvre est photographe
Après un trou d’air à cause du Covid-19, ses affaires reprennent. Née à Cherbourg, diplômée des Beaux-Arts de Brest, la Française a elle-même bien galéré avant de pouvoir s’installer au pays des rennes et des saunas : “C’est un peu bizarre, témoigne-t-elle, la Finlande, ça reste l’Union européenne, donc je m’attendais à une administration assez simple pour pouvoir rester. En fait, pas tant que ça ! Il a fallu prendre rendez-vous au niveau de l’immigration, pouvoir justifier de mes moyens pour pouvoir subvenir à mes besoins et puis pourquoi j’étais là.”
La jeune femme a aussi dû fournir une somme de documents pour prouver qu’elle était bien en couple depuis plus de deux ans.
Une bureaucratie d’un autre temps
La Finlande devra donc en finir avec cette bureaucratie d’un autre temps si elle veut recruter les 30 000 nouveaux travailleurs nécessaires, ne serait-ce que dans les services sociaux et le secteur de la santé. L’agriculture, l’industrie, et même les transports en commun dans la région d’Helsinki, devront se tourner également vers une main d’œuvre étrangère.
Des mesures sont déjà annoncées comme l’allègement du processus pour obtenir un visa de travail, dont les entreprises finlandaises avaient pointé la lourdeur et les délais excessifs. Le gouvernement prévoit aussi d’autoriser prochainement les étudiants étrangers à prolonger de deux ans leur séjour post-diplôme.
Lui écrire : marionlefevrephoto@gmail.com
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