Anne Leibovici est arrivée à Québec au tout début de la pandémie, grâce à un PVT, un programme vacances travail. Diplômée d’une école de commerce d’Angers, elle est employée au service recrutement de la Société des traversiers du Québec, ces bacs sur l’eau qui permettent aux locaux comme aux touristes, aux piétons comme aux poids lourds, quand il n’y a pas de pont, d’enjamber le Saint-Laurent, tout au long du fleuve, du nord de la province jusqu’à Montréal.
La compagnie emploie environ 800 personnes, en majorité des Québécois. La Française témoigne que le marché de l’emploi est tendu ici : “Il y a vraiment beaucoup de demandes actuellement, on est à 200 000 postes disponibles sur le Québec, et avec un taux de chômage plutôt bas, à 4,9%, on a vraiment des difficultés à recruter, parce qu’il y a aussi beaucoup de départs à la retraite, et pas forcément de personnes pour les remplacer.”
Un accord d’ouverture signé avec le gouvernement fédéral canadien jusqu’en 2023
Le Québec vient d’ailleurs de signer un accord avec le gouvernement fédéral canadien visant à accroître le nombre de travailleurs étrangers. Prévu jusqu’en 2023, il permettra d’augmenter les quotas d’immigrants et les autorisera à occuper n’importe quel poste, en attendant l’obtention de leur résidence permanente.
La province est en effet dans une situation de plein emploi, et il est compliqué pour une entreprise ne serait-ce que de conserver ses employés. “On a beaucoup de concurrence sur certains postes qu’on a du mal à combler, parce que les personnes peuvent venir chez nous, témoigne la Française, mais elles ont aussi l’embarras du choix ailleurs, elles peuvent partir du jour au lendemain dans une entreprise qui lui propose un ou deux dollars de l’heure de plus. La rétention est compliquée. Le taux de roulement est très élevé aujourd’hui.”
Les opportunités ne manquent pas
Rien qu’à la Société des traversiers du Québec, on recrute à tour de bras des matelots et des mécaniciens de marine. Cinq vont d’ailleurs arriver de France, l’an prochain. Mais cela ne suffira pas. La compagnie a déjà un peu baissé la voilure pendant le Covid : “On a toujours eu des traverses, mais dans certains cas, on a dû un peu réduire le nombre de navires. Par exemple, entre Québec et Lévis, on était passé à un seul navire. Mais de manière générale, il y a toujours un service minimum qui est assuré.”
Si d’un côté, les autorités québécoises facilitent l’accès de la province, de l’autre, elles le durcissent. Selon Anne Leibovici, une réforme adoptée en juillet 2020 oblige désormais les détenteurs d’un permis vacances travail à travailler deux ans, et non plus un seul, comme auparavant pour obtenir un permis de travail fermé.
De plus, certains jobs comme celui de serveur en sont exclus. Le Québec compte sur la réouverture des frontières du Canada, en septembre dernier, pour attirer à nouveau des flux de travailleurs étrangers.
Lui écrire : anne.leibovici@traversiers.gouv.qc.ca
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