Français à l’étranger : Quel est le rôle de l’association Frontaliers Grand Est ?
Julien Dauer : La structure a été mise en place par l’ancien conseil régional de Lorraine en 1993. Elle est principalement financée par la région Grand Est et par la Commission européenne. Notre mission est d’informer les frontaliers actifs, ceux qui entendent le devenir comme les étudiants, les demandeurs d’emploi ou les salariés en France qui souhaitent travailler hors de la frontière.
Nous informons aussi les entreprises, particulièrement en ce qui concerne les conditions de travail de part et d’autre de la frontière. Nous nous adressons aux frontaliers à destination de l’Allemagne, de la Belgique, du Luxembourg, de la Suisse et aux étrangers qui viennent travailler en France.
FAE : Comment Frontaliers Grand Est exerce-t-elle son action?
J.D : Elle se limite à de l’information juridique, nous ne faisons pas du conseil. J’insiste sur cette différence entre l’information juridique et le conseil puisque ce dernier est une activité réglementée en France. Nous élaborons surtout des bilans de situations. À titre d’exemple, nous pouvons répondre à la question d’une personne qui souhaite savoir dans quels cas elle aura le droit au chômage en France si elle travaille au Luxembourg.
Nous répondons gratuitement aux frontaliers et délivrons l’essentiel des informations via notre site internet. L’année dernière, 850.000 visites y ont été recensées. Nous traitons également les demandes personnelles par email ou par téléphone, auxquelles nous apportons une réponse personnalisée. Pour chaque information juridique que nous communiquons, nous attachons une attention particulière à rendre le droit accessible et abordable au plus grand nombre.
Parallèlement à cela, nous participons, dans le cadre de notre programme d’activité auprès de la Commission européenne, à la rédaction de brochures pour les frontaliers qui sont mises gratuitement à leur disposition. Nous sommes également partenaires de l’Observatoire inter-régional de l’emploi.
FAE : Où vous trouve-t-on ?
J.D : Tout d’abord sur le site. Récemment nous avons mis en place dix nouveaux tutoriels d’information sur YouTube, sur des sujets divers. Nous sommes également en tournage avec Pôle emploi sur des vidéos autour de la thématique « Travailler au Luxembourg ». Nous essayons d’être diversifiés en termes de vecteur d’information. Nous sommes présents sur les réseaux sociaux, Facebook, Twitter, LinkedIn, Instagram, mais nous communiquons aussi de manière différente via la presse ou les vidéos tutoriels. Le but étant toujours de rendre le droit attractif. Nous sommes dans une démarche de vulgarisation du droit pour démontrer que les démarches sont simplifiées lorsqu’on est bien informé.
FAE : Avez-vous vu apparaître de nouvelles problématiques pendant la crise du Covid-19 ?
J.D : Avant la pandémie nous recevions des questions générales sur la maladie, le licenciement, l’attractivité du marché, etc. Pendant la crise, nous avons dû répondre à des questions sur le franchissement des frontières, les fermetures d’entreprises, les problématiques relatives aux soins. Aujourd’hui, on sent un redémarrage et une attractivité nouvelle puisque nous avons des questions sur les premiers jours d’emploi de l’autre côté de la frontière. On note également l’émergence de nouvelles réflexions dans deux domaines. D’une part au niveau du télétravail. Pour le moment, des conventions prises dans le cadre du Covid s’appliquent, mais à partir du retour au régime général un seul jour de travail par semaine sera possible au titre de la réglementation européenne. Toutefois, cela fait un an et demi que certains frontaliers sont en télétravail à 100% en raison de la pandémie. Par ailleurs, la reconversion professionnelle fait aussi partie des interrogations que nous recevons.
FAE : La législation européenne est-elle favorable au travail frontalier ?
J.D : Le travail frontalier peut être envisagé à court, moyen ou long terme parce que la législation européenne protège le citoyen européen, notamment en termes de retraite, maladie, accident de travail etc. Cependant on voit de nombreuses administrations, notamment celles les plus éloignées des frontières, qui n’ont pas une connaissance suffisante du droit de l’Union européenne.
FAE : L’association a-t-elle des projets ?
J.D : Le principal projet est la réalisation de tutoriels. Nous souhaitons communiquer sur l’actualité à chaud et de manière visuelle auprès du public. Nous ressentons ce besoin de passer à un niveau 2.0 dans l’intérêt du public et pour nous-même. Nous en avons fait l’expérience avec les derniers tutoriels YouTube qui ont enregistré chacun environ 15.000 vues. Plus de 50% de ces vidéos ont été vues en entier. C’est donc une priorité de donner l’information la plus juste, la plus synthétique pour sensibiliser le public, qui ira lui-même s’informer.
Nous souhaitons aussi éditer de nouvelles brochures, avec des fiches pratiques sur les démarches transfrontalières telles que la retraite, les accidents de travail, etc.