Etudier et travailler
Karine Brard-Guillet : « Développer l’attractivité de la formation professionnelle en tandem »
Durant deux mois, le Journal des Français à l’étranger vous propose un grand dossier sur les nombreux aspects des échanges frontaliers. Aujourd’hui, entretien avec Karine Brard-Guillet, déléguée française de ProTandem, l’agence franco-allemande pour les échanges dans l’enseignement et la formation professionnelle.
Français à l’étranger : Quel est le rôle de ProTandem ?
Karine Brard-Guillet : Il s’agit d’une agence franco-allemande qui existe depuis près de quarante-deux ans et qui concerne environ 2.500 jeunes par an. Notre offre se déploie dans la zone transfrontalière mais également sur l’ensemble du territoire allemand et français. Nous proposons d’accompagner des jeunes -qui sont essentiellement des élèves et des apprentis en formation professionnelle initiale- à exercer pendant plusieurs semaines l’activité de leur corps de métier dans le pays partenaire et de les aider à s’ouvrir à d’autres horizons. Le but de notre programme est en effet d’accentuer l’attractivité de la formation professionnelle et de donner plus de moyens à ces élèves et apprentis.
Le principe de nos mobilités est basé sur l’approche tandem, tant pour les jeunes que pour les référents d’échanges ou les professeurs : des binômes sont ainsi formés dans les deux établissements participants. Nous nous attachons à dispenser grâce à cette méthode une pédagogie positive afin que les binômes soient rapidement autonomes et puissent très vite communiquer. Cette mobilité est donc accompagnée, professionnalisante et conduite en tandem. La première phase du programme ProTandem concerne la formation linguistique et permet aux jeunes d’appréhender les bases de leur métier dans la langue du pays partenaire et de développer leur propre boite à outils.
Avec le confinement nous avons profondément rénové le programme. Nous offrons désormais la possibilité aux jeunes et aux établissements de faire leurs premiers pas ensemble dans un module numérique avant de réaliser les mobilités en présentiel. Cela nous offre, ainsi qu’aux partenaires, une grande flexibilité en permettant par exemple de basculer dans un programme 100% en ligne en cas de besoins.
Cependant, le modèle « 100% en ligne » n’est pas un objectif à atteindre puisque la spécificité du présentiel dans le passage du geste est important pour la formation professionnelle. Nous développons et conseillons plutôt un modèle mixte qui est le résultat de nos expérimentations pendant le confinement.
FAE : Où vous trouve-t-on ?
B-G : L’agence a son siège à Sarrebruck. Depuis 2018 et le changement de nom, ProTandem s’est vraiment développé comme une marque et comme une référence en tant qu’opérateur de mobilités. Nous avons accentué notre présence sur les réseaux sociaux et communiquons dans les deux langues via Twitter, Facebook et Instagram ainsi évidemment que via notre site internet.
FAE : Quels impacts la crise du Covid-19 a eu sur les échanges ?
K.B-G : Pendant la période Covid, nous n’avons réalisé que 10% de notre activité. Nous nous sommes arrêtés au mois de mars qui est pour nous un mois charnière avec un pic d’activité très important. Ensuite nous n’avons pas pu reprendre avant le mois de novembre. Nos mobilités sont organisées selon le calendrier des établissements et doivent évidemment tenir compte des examens des jeunes. Nous avons développé une politique de grande proximité avec nos partenaires pour les conseiller. Nous avons aussi réalisé de nombreux sondages pour déterminer leurs besoins.
En cette période de pandémie, nous avons en plus continué à travailler avec nos partenaires et nos réseaux et avons par exemple mené une campagne avec l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ), l’Université franco-allemande (UFA) et l’Université Paris-Dauphine pour donner envie aux jeunes de s’engager dans l’alternance et, par la suite, de réaliser des échanges avec nous ou d’autres organismes. Cette campagne a connu un grand succès.
FAE : D’autres projets sont-ils nés depuis ?
K.B-G : Lors du premier confinement, tous les opérateurs publics et privés mobilisateurs franco-allemands étaient bloqués. Nous avons alors décidé de réfléchir ensemble et avons constaté un potentiel énorme dans les établissements et les entreprises. Nombreux sont à la base d’initiatives positives, notamment en faveur de la continuité pédagogique. Nous avons décidé de les aider par un coup de projecteur en créant, avec la Chambre franco-allemande de commerce et d’industrie (CFACI) et l’OFAJ), le prix franco-allemand « Avenir professionnel ».
FAE : Quels secteurs sont les plus concernés par les échanges ProTandem ?
B-G : À l’origine ce sont essentiellement les « métiers du geste », notamment parce que la connaissance linguistique n’est pas un prérequis. Du secteur de l’automobile en passant par des métiers de bouche à la restauration et l’hôtellerie – des secteurs particulièrement touchés par la crise, aujourd’hui en tension sur le recrutement des deux côtés de la frontière– ProTandem s’est ouvert à de nouveaux métiers comme le design des médias ou l’aéronautique et le programme franco-allemand dans l’enseignement et la formation professionnels intègre actuellement plus de 50 métiers.
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