L’histoire commence en 1950, le jour où Eleanor Roosevelt visite Rovaniemi et tombe sous le charme de ce qui n’est encore qu’un charmant bourg, à cheval sur le cercle polaire arctique.
La veuve du président américain n’aura ensuite de cesse d’en faire la promotion. Aujourd’hui Rovaniemi, capitale de la Laponie, dans le nord de la Finlande, est devenue une ville sans âme.
Car il faut se rendre à sept kilomètres de là pour atteindre le village du Père Noël, explique Morgane Corneloup. La Française, née près de Saint-Étienne, vit depuis six ans en Finlande. D’abord guide, elle a ensuite travaillé comme serveuse dans un restaurant de Rovaniemi. “Le Père Noël a un petit village à lui tout seul avec des petits bâtiments par-ci, par-là, un bâtiment principal où on peut voir le Père Noël et aller à sa rencontre, et tout autour on a la Poste officielle et les activités avec les elfes, il y a aussi des rennes et des huskies.”
Photos à la chaîne
Bien sûr, les enfants ont des étoiles dans les yeux, dès qu’ils commencent à faire la queue dans le long couloir baigné de lumière rouge, avant d’atteindre le vieil homme barbu et ventru le plus célèbre au monde.
Ici, il a même sa propre chaîne de télévision. La visite, et quelques mots échangés, sont gratuits. Seule la photo souvenir, prise à la chaîne par un elfe, est payante, facturée 32 euros. 18 euros pour un tour en traîneau à rennes de trois minutes chrono.
En quelques années, le tourisme a explosé à Rovaniemi : “Il y a des blocs de construction les uns à côté des autres. Les gens viennent pour se loger et manger. Mais ça n’a pas le charme d’un petit village français !”
Comme neige au soleil
Avant la pandémie, 5 à 600 000 touristes se pressaient à Rovaniemi chaque hiver, en particulier autour de Noël. Mais depuis deux ans, la fréquentation a fondu comme neige au soleil. L’épidémie de Covid-19 a changé la donne. Longtemps parmi les plus bas d’Europe, le nombre de contaminations a atteint des niveaux record ce mois-ci.
À tel point qu’Israël a placé la Finlande sur la liste rouge des pays dans lesquels ses ressortissants ont interdiction de se rendre. Avec le variant Omicron, les restrictions de voyages, les tests et les mesures d’isolement, pas sûr que la magie de Noël opère vraiment cette année. Le tourisme rapporte habituellement 260 millions d’euros à la Finlande. L’an dernier, ces revenus ont dégringolé de plus de 60%.
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Lui écrire : corneloup.morgane@gmail.com