Recherche main d’œuvre désespérément ! Dans l’industrie, on estime à près d’un million le nombre de travailleurs européens à avoir quitté le Royaume-Uni sous l’effet conjugué du Brexit et de la pandémie de Covid-19.
Arnaud de Saint-Exupéry, vice-président du groupe Hyatt au Royaume-Uni et en Irlande, a fait ses calculs : le Français estime que l’hôtellerie britannique a perdu plus de 300 000 travailleurs européens ces 18 derniers mois: “Beaucoup sont partis d’abord en raison des restructurations, du chômage partiel, donc avec la volonté de repartir sur leur pays pour être proches de leur famille. Pendant ce temps-là, ça a été de réfléchir sur éventuellement de nouvelles formations, des changements de métier, d’industrie, et c’est ce qu’on voit un petit peu aujourd’hui. Si la demande dans l’ensemble des hôtels devient ce qu’elle était en 2019, notre industrie à ce jour n’a pas la capacité de pouvoir l’accueillir parce qu’il y a encore un manque de main d’oeuvre.”
Une attractivité intacte
D’autant que le gouvernement britannique se prépare à manquer de bras après les fêtes de fin d’année car de nombreuses familles se sont réunies à cette occasion, ce qui risque d’accélérer encore la propagation du variant Omicron du Covid-19. Les difficultés concernent en fait surtout les nouveaux venus : avec le Brexit, il faut en effet qu’un employeur sponsorise les travailleurs venus de l’étranger, qu’ils disposent de revenus minimum au Royaume-Uni et qu’ils parlent anglais ! “C’est beaucoup plus difficile pour quiconque de revenir en Angleterre à cause de ces barrières qui existent. Et donc, ça, aujourd’hui, c’est l’impact clairement du Brexit.”
Selon le Français, ce manque de main d’oeuvre étrangère résulte des effets cumulés du Brexit et de la pandémie de Covid-19, mais l’attractivité du Royaume-Uni, elle, est intacte : “Je reçois tous les jours énormément de demandes, donc ce n’est pas tant est-ce qu’on souhaite ou pas venir en Angleterre, c’est que les entreprises ne peuvent pas le faire aussi facilement parce qu’il y a un coût.”
Assouplir le système
Mais Arnaud de Saint-Exupery ne perd pas espoir. Avec les professionnels de l’hôtellerie-restauration, ils se sont lancés dans une démarche de lobbying auprès du gouvernement britannique pour tenter d’assouplir les règles pour certaines filières en tension : “Il y a des pays, comme le Japon par exemple, où il y a la possibilité d’avoir une immigration assouplie sur des filières. Donc on essaie de faire en sorte sur notre filière, où il y a beaucoup de besoins, que le gouvernement entende effectivement cette nécessité d’assouplir le système.”
Il compte aussi sur la fin du chômage partiel depuis le début du mois d’octobre. Cette annonce pourrait décider une partie de ceux qui touchaient les aides à l’étranger, dans leur pays d’origine où ils étaient rentrés, à revenir travailler au Royaume-Uni pour retrouver un travail et des revenus.
Lui écrire : arnaud.desaintexupery@hyatt.com