Ils sont 340 000 à faire le trajet tous les jours en train, en bateau sur le lac Léman ou en train. Ils viennent d’Allemagne, d’Italie mais surtout, pour près de 55 % d’entre eux (environ 175.000), de France. Dans le livre «Étrangers familiers. Les travailleurs frontaliers en Suisse» (éditions Lharmattan), sociologues, économistes et anthropologues suisses ont étudié le profil de ces travailleurs singuliers. «Étrangers familiers parce qu’ils vivent dans un autre pays mais passent leur journée chez nous pour travailler mais aussi consommer, se distraire. C’est une population que l’on côtoie au quotidien mais qui reste méconnue», avance Claudio Bolzman, l’un des coauteurs.
«Les seuls résidents ne peuvent répondre à la demande soutenue de main-d’œuvre»
L’entrée en vigueur, en 2018, de la préférence indigène suite à l’adoption de l’initiative contre l’immigration de masse, n’a pas freiné l’augmentation du nombre des travailleurs frontaliers dans les cantons les plus concernés, «car les seuls résidents ne peuvent répondre à la demande soutenue de main-d’œuvre», précise Isabelle Pigeron-Piroth, coauteure du livre. Ils travaillent surtout dans l’industrie manufacturière, essentiellement l’horlogerie, l’informatique et l’électronique. Viennent ensuite le commerce/réparation, la santé et l’action sociale. Le secteur de la santé attire de son côté un frontalier sur cinq. Ainsi, aux hôpitaux universitaires de Genève (HUG) entre 40 % et 60 % du personnel vivent en France. Sans surprise, Genève est d’ailleurs le principal canton de travail des frontaliers. Ils sont 92 000, soit 27 % des emplois, à effectuer l’aller-retour chaque jour jusqu’aux rives du lac Léman. Leur nombre a été multiplié par plus de trois sur les vingt dernières années.