A la tête de deux lycées français au Liban, à Beyrouth et à Tyr, et de trois autres aux Émirats, à Abu Dhabi et à Dubaï, l’AFLEC est un acteur essentiel de promotion de l’enseignement français à l’étranger. Son nouveau président, Paul Raucy, affirme d’ailleurs que l’association a plutôt bien traversé la crise du Covid 19, grâce à sa culture déjà ancienne du digital : « les années 2010-2013 ont marqué à la fois le début de l’équipement systématique des établissements et l’entrée dans l’ère du numérique pour le réseau de l’AFLEC : nos professeurs étaient donc déjà formés, et cette culture partagée leur a permis de répondre très vite à l’obligation de l’enseignement à distance. » Pendant deux ans, les élèves ont donc suivi leurs cours depuis chez eux, ou selon des modalités hybrides, et l’association se félicite d’avoir assuré une continuité pédagogique de grande qualité, reconnue tant au Liban qu’aux Émirats. « Nous avons d’ailleurs bien l’intention de capitaliser sur les pratiques qui se sont développées pendant cette période, poursuit M. Raucy, de manière à transposer, dans l’enseignement en présentiel, certains des acquis de cette expérience ». De fait, l’AFLEC n’a pas perdu d’élèves durant ces deux années, elle en a même gagné quelques centaines aux Émirats, et le lycée de Tyr, au Liban, a augmenté notablement ses effectifs, malgré une terrible crise économique et politique, dont on n’aperçoit pas encore la sortie : « La livre libanaise a perdu au moins quinze fois sa valeur par rapport au dollar, rappelle M. Raucy, ce qui a des conséquences dramatiques pour beaucoup de familles mais aussi pour les enseignants, et l’aide des donateurs potentiels est largement conditionnée à la mise en œuvre de réformes politiques qui restent encore incertaines. »
Autonomie et plaisir d’apprendre
L’AFLEC est donc en ordre de marche pour poursuivre la mise en œuvre du plan de développement de l’enseignement français à l’étranger voulu par le chef de l’État. «Nous sommes persuadés que le développement ne peut se faire qu’en allant chercher des familles qui ont fait d’autres choix que celui de l’enseignement français, même quand elles sont francophones», assure Paul Raucy. Pour les expatriés, qui passent une partie de leur vie professionnelle à l’étranger, il est en effet indispensable aujourd’hui d’avoir un haut niveau en anglais, d’où l’engouement pour les lycées anglo-saxons. Les familles, ajoute M. Raucy, sont aussi davantage tournées vers le bien-être de leurs enfants : «Elles sont attentives à ce que les enfants soient amenés vers l’autonomie, qu’ils soient plutôt invités au plaisir d’apprendre que contraints au travail. La valorisation de la participation des élèves, et de leur créativité, l’individualisation des apprentissages, c’est souvent dans les établissements anglo-saxons qu’elles vont les chercher, plutôt que dans un modèle français qui leur paraît plus austère.» L’AFLEC a donc entrepris de se confronter aux Anglo-Saxons sur leur terrain, en renforçant l’apprentissage de l’anglais, notamment par la création de sections internationales et de classes bilingues, mais aussi en dispensant un enseignement plus ouvert aux activités expérimentales, aux projets et aux défis, et faisant du bien-être des élèves – ce que les Anglais appellent le well-being – un des axes forts de son projet pédagogique. «Il ne s’agit pas seulement de faire aussi bien ou mieux que les Anglo-Saxons, souligne M. Raucy, mais aussi de conserver les qualités reconnues du modèle français, soit une exigence et une qualité académique qui vont au-delà de la dimension ludique et plaisante pour construire une véritable compréhension et développer la réflexion des élèves.»