Revoilà le panda ! Pas l’un de ceux du zoo de Beauval affamés de feuilles de bambou. Non, nous parlons plutôt ici du rêveur du Havre. On a pu l’imaginer un moment arpentant la plage de Sainte-Adresse ou celle de Saint-Jouin Bruneval au soleil couchant, sa barbe bicolore (d’où le panda !) fouettée par les embruns. Mais en réalité, depuis qu’il a laissé les clés de Matignon à Jean Castex, Édouard Philippe réfléchit à son avenir… et donc à celui de la France. S’il passe donc son tour cette année (et laisse ainsi un boulevard à Emmanuel Macron), ce boxeur hors pair pourrait bien se préparer à distribuer quelques uppercuts, pas plus que verbaux si possible, à ses adversaires de la présidentielle de… 2027 ! Et d’ici là, il va donc s’efforcer de créer le terreau nécessaire à faire pousser sa candidature, notamment chez les Français de l’étranger. Et c’est au Maroc qu’«Horizons» a déniché sa première perle rare : Mehdi Reddad, Franco-Marocain de 39 ans, débordant d’énergie et un CV à faire pâlir tout jeune né aussi de l’autre côté de la Méditerranée et aspirant, comme lui, à une success-story digne du magazine «Capital» le dimanche soir sur M6. Rendez-vous compte : Après des études à L’Institut Vatel de Lyon et à Sciences Po Paris, il se dirige à Londres pour intégrer le monde du travail dans l’hôtellerie haut de gamme. Après une expérience de sept ans sur les rives de la Tamise, Mehdi Reddad rentre au Maroc, où il gère aujourd’hui 3 hôtels de référence (une société créée par son grand-père dans les années 70) et où il a développé plusieurs projets immobiliers à Casablanca, son fief politique.
Haro sur les parachutés
La politique, justement. Mehdi Reddad s’engage dès 2016 aux côtés d’Emmanuel Macron, d’abord comme simple adhérent LREM, puis comme référent pour le Maghreb et le Sahel du futur parti présidentiel. Élu conseiller consulaire l’an dernier, il se définit comme un Français qui «vit et respire la France depuis l’Afrique». Mais même à trois mois de l’échéance, ne lui parlez pas des législatives ! Le seul et unique sujet, dit-il, c’est la présidentielle d’avril : «La priorité des priorités, c’est implanter le nouveau parti d’Édouard Philippe pour faire gagner Emmanuel Macron, martèle-t-il. On veut créer une antenne, une structure, parce que sans élus bien ancrés dans les territoires, c’est difficile.» La question d’après nous brûlait les lèvres depuis un moment : Ne va-t-on pas vers un duel fratricide avec l’actuel député de la 9e circonscription (Maghreb et Afrique de l’ouest), M’jid El Guerrab, 34 ans, élu en 2017 sous la bannière LREM, et qui pourrait bien sentir l’envie de rempiler au printemps prochain ? Sans jamais citer de nom (on aura beau insister…), Mehdi Reddad alors s’emporte contre les candidats parachutés, en forme de pas de côté : «Je me bats contre ces élus de France qui s’intéressent deux mois avant les élections législatives aux Français de l’étranger, tonne-t-il, alors que les préoccupations des Français de l’étranger, elles sont très spécifiques, que ce soit sur l’éducation, la santé, la sécurité ou la fiscalité. Alors, venir à deux mois des élections en disant « je connais bien l’Afrique, j’ai fait une semaine de vacances en Tunisie », nous on est contre !» Et de rappeler qu’en 2017, le scrutin avait attiré pas moins de 27 candidats dans la 9ème circonscription, ce qui devrait à nouveau se vérifier cette année. Un chiffre à mettre en face de celui de l’abstention record enregistrée pour ce scrutin : plus de 88 % des inscrits ne sont pas allés voter dans la circonscription ! A l’avenir, pour éviter une telle surenchère, devra-t-on étendre la règle des 500 parrainages à l’élection des députés représentant les Français établis hors de France ?