Moins loin, moins longtemps et sans doute en solo plutôt qu’en famille. Les expatriés post-Covid devraient privilégier l’Europe plutôt que l’Amérique ou l’Asie, où certains se sont retrouvés bloqués quand les frontières ont brusquement fermé en mars, du jour au lendemain.
Depuis Londres, Alain Taieb préside le groupe AGS Mobilitas, un poids lourd du déménagement avec 4 500 employés à travers le monde : “On a eu une activité très ralentie, endommagée, avec des pays comme l’Afrique du Sud où la fermeture des frontières a été totale, où on ne pouvait même plus ni entrer ni sortir. Dans d’autres États comme la Corée, Taïwan ou le Vietnam, on a pu travailler correctement et arriver à des résultats corrects. En France, on a tourné à 50%, l’Angleterre à 40% et les Pays-Bas à 70%.”
Il ajoute : “A part les entreprises d’alimentaire, de distribution, d’informatique, d’électronique et d’internet qui ont connu une pandémie qui les a plutôt favorisées, tout le reste des secteurs est ébranlé.”
Dans le monde d’après, et pour les sociétés qui s’en sortiront, Alain Taieb ne prédit pas la fin de la mobilité, mais un changement d’échelle : “On ne peut pas redevenir petit et rabougri dans son coin… L’international sera là, inscrit en lettres d’or à jamais, mais les familles vont être frileuses.” “Avant, poursuit Alain Taieb, quand on leur proposait un poste à Nairobi ou à Casablanca, elles regardaient les conditions sanitaires, les écoles, les enfants, et partaient. Aujourd’hui, avec cette crise, elles vont y réfléchir à deux fois. Les cadres partiront plutôt comme célibataires géographiques, pour six mois, et plus forcément pendant quatre ans avec épouse et enfants.”
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