Voilà bien longtemps que le Québec tutoie les airs. En 1907, Lawrence Lesh, un adolescent de 14 ans, avait déjà déjà conçu et piloté un planeur qui lui permit de voler une dizaine de kilomètres au-dessus du fleuve Saint-Laurent. À cette époque, ces engins étaient souvent tirés par par un cheval, voire par un bateau-moteur ! Mais l’Histoire retient que le premier avion digne de ce nom conçu au Québec, inspiré du modèle monoplan Blériot (constitué d’une seule paire d’ailes), l’a été dans un garage de la rue Sainte-Catherine à Montréal en 1911. Son inventeur, Percival Reid, est aujourd’hui considéré comme un des grands précurseurs de la construction aéronautique.
Une place forte dans le monde
Aujourd’hui, le Québec est le troisième pôle mondial de l’aérospatiale. Secteur innovant et à la fine pointe de la technologie, très pluridisciplinaire, il s’appuie sur des niveaux de formation élevés. Le diplôme obtenu au Québec est d’ailleurs reconnu et recherché par les entreprises. Rappelons cependant que l’Entente Québec-France permet de faire reconnaître ses compétences pour travailler au Québec (et réciproquement bien entendu). Si cette Entente ne modifie pas les règles d’immigration, elle offre néanmoins ce grand avantage de pouvoir faire reconnaître ses niveaux de qualification.
Le poids économique du secteur est considérable. Aux côtés des majors qui dominent cette activité, l’aérospatiale québécoise repose aussi sur de très nombreuses de PME car cette activité dépend d’un important processus de chaînes d’approvisionnement. L’aérospatiale est au premier rang des exportations québécoises, avec 10,5% du total des exportations manufacturières du Québec ; en effet, 75% de cette production est exportée hors du Canada. Cette tendance n’est pas près de s’arrêter puisqu’au cours des vingt-cinq dernières années, les ventes de l’industrie aérospatiale québécoise ont enregistré une croissance annuelle moyenne de près de 4,9%.
Des acteurs de premier plan
Le Québec compte une importante concentration de maîtres d’œuvre et d’équipementiers, présents dans une multitude de domaines (avionique, trains d’atterrissage, intégration de systèmes, systèmes spatiaux, etc.). Une telle densité n’a guère d’équivalent dans le monde.
Le nom de l’entreprise Bombardier est intimement lié à celui du Québec. Cette multinationale, qui porte le nom de son créateur (Joseph-Armand Bombardier), est aujourd’hui le troisième avionneur civil au monde, chef de file mondial dans la conception et la fabrication d’avions d’affaires, commerciaux, amphibies et autres aéroplanes spécialisés, sans oublier les services associés. Avant un recentrage de ses activités, en 2021, dans les domaines précités, l’entreprise a également évolué dans le transport ferroviaire, et même dans les services financiers (Bombardier Capital)
Airbus est au autre maître d’œuvre incontournable avec ses neuf sites présents dans sept villes canadiennes et une activité centrée sur les secteurs des avions de ligne, des hélicoptères, de la défense et de l’espace. Depuis son premier centre de production d’hélicoptères en 1984 jusqu’à la production des avions de la famille A220, Airbus a fortement accru sa présence au Canada. En février dernier, on apprenait d’ailleurs que le gouvernement du Québec et Airbus allaient investir 1,5 milliard de dollars canadiens dans la société en commandite Airbus Canada pour soutenir la production des avions A220 à Mirabel (région des Laurentides).
D’autres maîtres d’œuvres importants sont présents sur le sol québécois, comme les canadiens Bell Helicopter Textron Canada (leader mondial dans la fabrication d’aéronefs à voilure tournante), Pratt & Whitney Canada (fabricant de moteurs d’avions) ou encore CAE Inc. (chef de file mondial en modélisation, simulation et formation pour les secteurs de l’aviation civile et de la défense). On note également la présence de la société japonaise Mitsubishi Aircraft Corporation qui développe, produit et vend ses avions de ligne Mitsubishi Regional Jet.
Au niveau des équipementiers et intégrateurs, on peut citer Esterline CMC Électronique (solutions d’intégration de systèmes de postes de pilotage, d’avionique et d’afficheurs destinés aux marchés de l’aviation civile et militaire), Héroux-Devtek (spécialisée dans la fabrication et la réparation de divers composantes industrielles, énergétiques, et aéronautiques), Générale Electrique Canada Aviation (fournisseur de turboréacteurs et turbopropulseurs, composantes et systèmes intégrés pour avions civils et militaires), L3Harris (solutions de support en service et de prolongation de cycle de vie d’aéronefs) ou encore MDA (services de renseignement géospatial, robotique, opérations spatiales, systèmes satellitaires). Une liste qui est loin d’être exhaustive.
Deux grandes compagnies aériennes sont aussi présentes au Québec. Basée à Montréal, AirTransat, basée à Montréal, assure des vols internationaux, réguliers et nolisés (loués pour un usage exclusif durant une période déterminée). Air Canada, qui fait partie des vingt plus importantes sociétés aériennes dans le monde, a également son siège social à Montréal. Le Québec compte aussi deux aéroports internationaux : l’aéroport international Jean-Lesage-de-Québec (YQB) et l’aéroport de Montréal Pierre-Elliott-Trudeau (YUL). Par ailleurs, le Québec, compte également une grande quantité d’aéroports régionaux.
Quelles professions ?
Globalement, cette activité représente plus de 36.000 emplois au Québec. Au sein de ce secteur très pluridisciplinaire, les entreprises québécoises cherchent aussi à se transformer en profondeur, tant sur le volet numérique que sur celui de la mobilité durable. En termes d’emploi, l’industrie aérospatiale se décompose en trois secteurs : la fabrication, le transport aérien et les aéroports. Quelque 535 entreprises sont présentes dans ce secteur au Québec : 191 dans le secteur de la fabrication, 203 dans le transport aérien, et 141 au niveau des aéroports.
Une grande diversité de métiers sont attachés à ces activités, avec de nombreuses fonctions d’ingénierie, mais aussi d’usinage, de montage, de câblage, de contrôle de la qualité, de pilotage et toutes les techniques de maintenance aéronef et avionique…
Rappelons également que les métiers en lien direct avec les avions ne sont pas les seuls concernés par l’aérospatiale : les drones, satellites, hélicoptères, etc., font aussi partie de cette industrie. En somme, tout ce qui navigue au-dessus du sol relève de l’aérospatiale.
Salaires
Repère :1 dollar canadien = env. 0,70 euro
Le secteur de l’aérospatiale offre de belles perspectives de progression, en termes de carrière et de salaires. Le niveau des rémunérations varie beaucoup en fonction des professions. En ce qui concerne les nombreux métiers de l’ingénierie en aérospatiale, les niveaux de salaires horaires varient de 30,33 à 72,12 dollars canadiens dans la région de Montréal. Cette fourchette large est sensiblement identique dans les autres régions du Québec et à l’échelle du Canada.
> Source
https://www.guichetemplois.gc.ca/
Comment trouver son emploi
C’est la région métropolitaine de Montréal (appelée également Grand Montréal) qui concentre, de loin, le plus grand nombre d’emplois dans ce secteur. En effet, un travailleur sur soixante y exerce un métier ou une profession en lien avec l’aérospatiale ! C’est le cas notamment en recherche et développement, concentrée à 70% dans le Grand Montréal. Toutefois, des emplois existent aussi en région, surtout au niveau du manufacturier et des aéroports régionaux.
Pour trouver un emploi, Aéro Montréal est une ressource très intéressante, notamment sa partie Aéroportail Carrières qui présente les carrières et les métiers de l’industrie aérospatiale, et centralise l’information et les offres d’emploi du secteur afin de les rendre accessibles au grand public et aux professionnels en recherche d’emploi. Ce portail compte aussi près de 20.000 abonnés sur Facebook et près de 900 offres d’emploi ont été publiées depuis le lancement de cette section emploi en 2016. Il compte parmi ses partenaires le gouvernement du Québec, la communauté métropolitaine de Montréal.
Le Comité sectoriel de main-d’œuvre en aérospatiale du Québec (Camaq) fait aussi partie des partenaires d’Aéro Montréal. Ressource incontournable pour appréhender le secteur, il produit un portrait annuel de la main-d’œuvre et des besoins des entreprises du secteur. Il recense et collecte les données sur l’emploi de plus de 500 entreprises et aéroports, représentant près de 60.000 travailleuses et travailleurs en aérospatiale au Québec. Il propose également le plus large inventaire des formations en lien avec l’aérospatiale au Québec et une multitude d’autres services.
> Sources
– Brochure Aéro Montréal 2021
– Camaq
Le Journal des Français à l’étranger remercie Émilie Laridan et l’équipe du Comité sectoriel de main-d’œuvre en aérospatiale du Québec pour leur précieuse collaboration sur ce dossier.