Cette avocate binationale franco-dominicaine spécialiste de l’Amérique Latine entend employer toute son énergie à défendre les Françaises et des Français installés dans la région.
Un « pur produit » du Lycée Français de Saint-Domingue
Lorsque l’on la rencontre pour la première fois, on s’étonne que la jeune femme soit déjà la mère de deux enfants, une avocate reconnue dans les plus prestigieux classements de droit international et une élue des Français de l’étranger. « Alors c’est que je dois faire un peu plus jeune que mon âge…et en politique ce n’est pas forcément un atout » répond-elle avec un grand sourire.
Elle nous raconte qu’elle est née il y a trente-six ans à Paris, où sa mère, une juriste dominicaine issue d’une famille qui a combattu la dictature de Rafael L. Trujillo (ndlr : le dictateur au pouvoir en République Dominicaine pendant plus de trente ans) a rencontré son père, un journaliste français passionné par l’Amérique Latine.
Alors qu’Eléonore n’a que trois ans, ses parents s’installent en République Dominicaine et ne quitteront plus cette île des Caraïbes. « Leur investissement dans la communauté française et notamment dans la construction du Lycée Français a beaucoup pesé dans leur décision de rester dans la région». Eléonore aussi fait le choix de scolariser ses enfants dans le système AEFE et de s’y investir pleinement « je suis un pur produit de ce système éducatif et j’y suis profondément attachée. Si je suis élue, je ferai tout pour le défendre et le rendre plus accessible».
Le bac en poche, Eléonore intègre Sciences-Po à Paris. Alors que tous les étés, elle traversait l’Atlantique avec son frère et sa sœur « en UM » (ndlr : programme pour enfants non-accompagnés d’Air France) pour rejoindre ses grands-parents paternels en Normandie, elle fera désormais le chemin en sens inverse pour retrouver sa famille restée en Amérique Latine.
Une avocate engagée pour les Français de l’étranger
Eléonore va ensuite vivre à New York, d’abord à l’occasion d’un stage à l’Alliance Française, puis poursuivre ses études de droit à Columbia University. « C’est à New York que j’ai réellement compris les défis d’une vie d’expatrié…en tant que binationale je ne m’étais jamais souciée de questions de visa par exemple». Grâce à ses deux barreaux (Paris et New York), à sa maîtrise des quatre langues parlées sur le continent et à sa connaissance des problèmes géopolitiques de la région, l’avocate est régulièrement sollicitée pour défendre des entreprises ou des Etats dans des procédures en Amérique Latine. Elle donne aussi régulièrement des cours et des conférences dans des universités et des chambres de commerce de la région.
Après la naissance de son premier enfant, elle s’installe en Suisse, pour se rapprocher de la famille de son mari, qui est franco-suisse: « vivre à l’étranger c’est une expérience merveilleuse mais qui n’est pas toujours évidente, surtout pour de jeunes parents ». Dès son arrivée, elle est fascinée par le système démocratique suisse qui permet l’implication des citoyens sur des sujets concrets à travers de nombreuses consultations par référendum. Séduite par le projet d’Emmanuel Macron, et convaincue qu’il faut revenir à un débat de fond pour intéresser les Français à la politique, elle décide de s’engager pour les Français de l’étranger : «nous méritons d’être mieux représentés et davantage pris en compte dans le débat national ». Elle milite également pour l’engagement des femmes en politique « ce n’est pas toujours facile de s’imposer dans ce milieu, mais si on ne fonce pas en 2022, on ne va pas arriver à une égalité réelle ». Elle mène donc avec succès la liste de vingt-huit candidats de la Majorité Présidentielle qui arrive en tête lors des dernières élections consulaires à Genève. Elle est ensuite élue à l’Assemblée des Français de l’étranger, où elle siège à la commission des lois.
C’est suite à la crise du COVID qu’elle a pris la décision de rentrer en Amérique Latine avec sa famille : « cette période a été compliquée, mais elle nous a permis de repenser notre façon de travailler et de revoir nos priorités ». Dès la réouverture des frontières à l’automne 2020, elle rend visite à ses proches en Amérique Latine « j’ai pris conscience des difficultés auxquelles les Français de la région ont été exposés : écoles fermées pendant des périodes prolongées, inaccessibilité des vaccins reconnus en Europe, impossibilité de rentrer en France ». Elle déplore cette situation, car c’est précisément dans les périodes de crises que le rôle des élus des Français de l’étranger prend tout son sens.
Une candidate sur le terrain
Depuis son retour, Eléonore multiplie les contacts avec les Français d’Amérique Latine afin de les impliquer dans l’élaboration de son programme et identifier des relais dans chacun des 33 pays de la circonscription. Elle organise des réunions dans différents pays mais aussi par visioconférence : « quand on est sur un territoire aussi vaste, il faut mettre en place des moyens technologiques et humains pour pouvoir être à l’écoute de chaque Française et Français…tout en surveillant son bilan carbone».
Investie par la Majorité Présidentielle, elle souhaite contribuer aux grands chantiers nationaux qui vont s’ouvrir en matière d’éducation et de transition écologique, « pour l’avenir de nos enfants » précise-t-elle. Elle considère qu’il est essentiel de donner au Président de la République une majorité forte et cohérente à l’Assemblée Nationale « sinon il ne va rien se passer pendant cinq ans… et nous ne pouvons pas nous le permettre ».