Français à l’étranger (FAE) : Quels sont les objectifs et les priorités de la relation franco-québécoise ?
Michèle Boisvert (M.B.) : La relation franco-québécoise, qualifiée de directe et privilégiée, a pour objectif de concourir au progrès des deux peuples. Une relation voulue par le Général de Gaulle qui confère au Québec le statut de nation. Elle est animée par la rencontre alternée (RAPM, Ndlr) des Premiers ministres qui a lieu tous les deux ans. Cette rencontre permet d’actualiser les objectifs de cette relation. La dernière RAPM a dû être reportée en raison de la pandémie. Les premiers ministres ainsi que plusieurs ministres se sont tout de même entretenus via des visioconférences. Les priorités actuelles encouragent une relance économique durable et décarbonée, ainsi que la langue française qui est le socle de cette relation. On retrouve également d’autres priorités, telle que la liberté d’expression, qui donnera lieu à la création d’une chaire franco-québécoise.
Il a aussi été décidé de faire de 2023 l’année de l’innovation franco-québécoise et de développer entre les structures d’Investissement Québec international et de Business France International un partenariat pour renforcer nos échanges économiques décarbonisés. Enfin, l’éducation et la santé demeurent des sujets importants de collaboration.
FAE : Pouvez-vous décrire le tissu économique entre la France et le Québec ?
M.B. : Il est extrêmement riche. L’économie du Québec repose beaucoup sur les PME et le tissu économique des deux pays est très proche. Les Français peuvent considérer le Québec comme une porte d’entrée pour s’installer en Amérique du Nord. Inversement, pour les Québécois, la France peut être envisagée comme un accès à toute l’Europe. J’ai pu le constater en faisant le tour des régions de France depuis mon arrivée en poste.
La relation économique entre la France et le Canada est largement orientée vers le Québec : 50% des échanges entre les deux pays se font avec notre province et 75 % des entreprises françaises établies au Canada le sont au Québec. En France, on compte entre 250 et 300 entreprises québécoises.
La valeur des échanges commerciaux entre la France et le Québec tourne autour de 4 milliards d’euros, mais nous pouvons faire plus. C’est le rôle de notre Délégation d’encourager les entreprises québécoises d’exporter davantage en France.
FAE : Qu’est-ce-qui rend le Québec attractif pour les Français souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat ?
M.B. : Le Québec favorise l’entrepreneuriat, créatrice de richesses. Il existe au Québec tout un écosystème pour encourager la création d’entreprises grâce à des incubateurs, aux sociétés de capital-risque et aux universités, qui forment des jeunes entrepreneurs à oser, faisant de l’échec une expérience pour grandir.
FAE : Les entreprises québécoises sont nombreuses à recruter en France, et ce depuis plusieurs années. Qu’apprécient-elles le plus chez les travailleurs français ?
M.B. : La langue est importante et la main-d’œuvre française est très bien formée et productive. Nous constatons par ailleurs un appétit pour le Québec chez les Français. Notre mission est alors de bien les informer sur les réalités québécoises et de répondre aux attentes des personnes qui veulent vivre une expérience professionnelle au Québec.
FAE : Quels secteurs d’activités sont les plus porteurs ?
M.B. : Nous recrutons les talents qui répondent à la pénurie ou la rareté de main-d’œuvre dans différents secteurs. On note les technologies de l’information, les jeux vidéo, l’intelligence artificielle (ndlr le Québec est 7e dans le monde dans cet écosystème), la santé, le e-sante, les services sociaux, l’éducation, le génie civil et la finance. Cette mobilité professionnelle répond à des intérêts économiques communs et pérennise nos liens.