«Le quai d’Orsay disparaît petit à petit», s’inquiètent les six syndicats ainsi qu’un collectif de 400 jeunes diplomates, en dénonçant notamment la réforme actant la fin des diplomates de carrière, la réduction des activités consulaires et les suppressions de poste. L’amenuisement des moyens consulaires alimente également la fronde. D’autant plus que les agents en poste ont été particulièrement sollicités ces deux dernières années avec le Covid-19, la crise au Sahel, les évacuations en Afghanistan ou la guerre en Ukraine. Mais l’objet principal de cette protestation est la disparition du corps diplomatique, actée par un décret paru en catimini dans l’entre-deux-tours de la présidentielle. Dernier volet de la réforme de la haute fonction publique, cette «extinction» du corps concerne la haute pyramide du ministère: les conseillers des affaires étrangères et les ministres plénipotentiaires.
Rois fainéants
Concrètement, ces derniers ont vocation à rejoindre un nouveau «corps des administrateurs de l’Etat», né de la création de l’Institut national du service public – qui a remplacé l’ENA. «On est très inquiets», affirme à Ouest France, sous couvert d’anonymat, un ambassadeur en poste. «Nous ne sommes pas interchangeables ! J’ai le plus grand respect pour mes collègues des autres administrations mais je ne sais pas faire leur travail et ils ne savent pas faire le mien. Les diplomates ont une mauvaise image de rois fainéants qui volent l’argent public alors qu’en réalité ce sont des fonctionnaires très attachés à l’administration républicaine.» Il s’agit seulement du deuxième mouvement de grève dans l’histoire du ministère, le premier ayant eu lieu en 2003 pour des questions d’indemnités. La France dispose du 3e réseau diplomatique au monde après les États-Unis et la Chine. Environ 14 000 agents (titulaires, contractuels, recrutements locaux…) sont employés par le ministère des Affaires étrangères, selon des chiffres officiels.