C’est un système érigé partout en exemple. Économie prospère, protection sociale étendue et démocratie vigoureuse : les atouts du modèle scandinave sont nombreux. Chaque année, il attire de nombreux Français qui choisissent de s’y installer, attirés par la qualité de vie que proposent la Suède, le Danemark et la Norvège. Car ces trois pays sont d’abord des territoires riches en opportunité professionnelles, dopées par une économie dynamique. « Depuis le début des années 1990 et l’application de diverses réformes structurelles, ces pays fonctionnent bien, assure Alexandre Holroyd, député des Français de l’étranger pour l’Europe du Nord. Malgré les défis qui prévalent actuellement, parmi lesquels l’inflation comme ailleurs en Europe, les économies scandinaves restent très compétitives. »
Le Danemark, point d’entrée du marché nord-européen, a par exemple affiché une croissance annuelle de 2% entre 2010 et 2020. Si la crise sanitaire du Covid-19 est venue bouleverser cette trajectoire, le pays a su se maintenir à flots, grâce à la vitalité de ses secteurs phares, à l’instar des produits pharmaceutiques, de l’industrie agro-alimentaire, des énergies renouvelables et du numérique. La Suède, elle aussi, a subi de plein fouet les conséquences de la pandémie. En 2020, son économie est entrée en récession. Elle a toutefois été largement moins impactée que l’ensemble des autres pays de l’Union européenne avec une baisse de 2,9% du PIB. La Norvège, quant à elle, a connu ces dix dernières années une importante prospérité, en grande partie grâce aux bons résultats du secteur pétro-gazier, moteur principal de l’économie. La vente d’hydrocarbures, gaz et pétrole, représente en effet plus de la moitié des exportations totales du pays.
« Démocraties parfaites »
Mais de bons chiffres économiques ne font pas tout. Parmi les autres points forts de la Scandinavie ? Sa démocratie. La région classe d’ailleurs ses trois pays parmi les « démocraties parfaites » du classement édité chaque année par le magazine The Economist. Les cinq pays obtenant l’indice le plus élevé sont la Norvège (9,87), l’Islande (9,58), la Suède (9,39), la Nouvelle Zélande (9,26) et le Danemark (9,22). À titre de comparaison, la France, avec 7,8, n’occupe que la 29e position. Une conception anti-élitiste de l’exercice du pouvoir – l’ancien Premier ministre suédois, Stefan Löfven, était syndicaliste et soudeur de métier – rend l’exigence de transparence de la vie publique très pointue. En 1995, Mona Sahlin, numéro deux du gouvernement social-démocrate suédois, fut par exemple forcée de démissionner après avoir payé une barre chocolatée avec sa carte de crédit de fonction. Et ce, même après avoir, presque immédiatement, remboursé la somme.
La stabilité des régimes danois, suédois et norvégiens tout au long du XXe siècle a favorisé la mise en place et le maintien de modèle sociaux efficaces. Souplesse du droit du travail, protection des chômeurs et systèmes de sécurité sociale universalistes, mêlés à la compétitivité « font que ces pays restent les plus égalitaires au monde, tout en étant aussi parmi les plus prospères », écrit Yohann Aucante, dans son ouvrage Les Démocraties scandinaves. L’attention portée au juste équilibre entre vie professionnelle et vie privée achève de séduire les expatriés français et européens, et ailleurs dans le monde. « La quasi-symétrie qu’il y a ici entre travail et vie de famille m’a convaincu de rester, témoigne Thomas Bassetto, conseiller des Français de l’étranger à Oslo, en Norvège. Un cadre va travailler 40h par semaine et accordera autant de temps à sa profession qu’à sa famille. Ce sont des aspirations très actuelles en France, que la pandémie a renforcées. Ici, c’est dans l’ADN du pays depuis des décennies. »