Français à l’étranger : qu’est-ce qui vous a conduit à vivre en Norvège ?
Thomas Bassetto : Je m’étais un peu lassé de vivre à Paris, et je voulais tenter une expérience à l’étranger. Mon épouse et moi avons tous les deux passé des entretiens d’embauche pour des postes à Oslo, par pur hasard. Pour ma part, dans le secteur informatique. Quand on a reçu, chacun, une réponse positive, on s’est dit « pourquoi pas ? ». Nous sommes arrivés dans le pays en 2013, pour des contrats d’un an. Près de dix ans plus tard nous sommes encore là ! Aujourd’hui, j’ai la double nationalité française et norvégienne. Ici, nous avons un meilleur salaire qu’en France, mais le coût de la vie revient à peu près au même. Au début, c’est un peu déstabilisant. D’autant plus que depuis 2013, la couronne norvégienne a perdu 25%.
Qu’est-ce qui vous a fait rester dans le pays ?
De nombreuses choses, comme l’accès privilégié à la nature et l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle par exemple. En tant que cadre, je ne travaille pas plus de 40h par semaine et les heures supplémentaires sont payées. Ça me permet d’avoir du temps pour ma famille et pour mes loisirs. Grâce à cela, je me suis mis au ski de fond.
Depuis mai 2021, vous êtes aussi conseiller des Français de l’étranger. Quelles sont les missions qui en découlent ?
J’ai d’abord un rôle de représentation des Français en Norvège – et aussi en Islande – auprès de l’ambassade et du consulat. Je fais remonter les préoccupations de mes concitoyens. Cette année, comme partout ailleurs, nous avons par exemple beaucoup de mal à faire renouveler nos passeports. Quand on est expatrié, c’est un vrai problème. Les Français de Norvège se retrouvent coincés.
Quelles sont les opportunités d’emploi pour les aspirants expatriés ? Est-il aisé pour les Français de trouver du travail en Norvège ?
En ce moment, le secteur qui recrute le plus est celui de la santé. Le pays est en manque d’infirmiers. Pour exercer, il faut parler norvégien et faire reconnaître son diplôme. L’ingénierie est aussi en demande, et particulièrement le génie électrique. Dans ce domaine, parler anglais peut suffire, comme pour travailler dans le développement informatique. J’ajoute que le domaine de l’hôtellerie-restauration manque de main-d’œuvre : à cause de la pandémie, les ressortissants suédois, qui composaient la majorité des employés, sont rentrés chez eux.
Est-ce que l’anglais est suffisant pour vivre en Norvège ?
Pour ma part, j’ai appris le norvégien car j’estimais que c’était la moindre des choses. Et puis, au quotidien, c’est tout de même un atout pour pouvoir communiquer avec vos collègues, vous faire des amis. C’est pour progresser et dans un souci d’intégration que j’ai commencé à m’investir dans les associations. En parallèle, j’ai aussi commencé à réfléchir à des initiatives d’aide aux expatriés, à des groupes que j’aurais aimé côtoyer en arrivant dans le pays.
Hormis la capitale, y a-t-il selon vous des régions qui mériteraient d’être davantage connues pour l’expatriation ?
Bien sûr. Il y a d’ailleurs beaucoup de Français installés dans le nord du pays, dans la région de Tromsø. En général, ce sont des personnes qui travaillent dans le tourisme. La nature, là-bas, est sublime.
Envisagez-vous de rentrer en France un jour ?
Il ne faut jamais dire « jamais », mais pour l’instant ce n’est pas dans mes projets. J’aime vraiment ma vie ici. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’inconvénients. La Norvège n’est pas un pays latin, le mode de vie n’est pas adapté à tout le monde. Et il y a des caractéristiques auxquelles il faut être préparé, comme les journées très courtes en hiver. Certaines personnes, au bout de quelque temps, ne supportent pas le climat. Avant de d’installer et d’en profiter pleinement, il faut bien réfléchir à tout cela.