Français à l’étranger (F.A.E.) : Quel est le rôle de la CCI France-Suède ? Quelles sont ses principales missions ?
Romain Prioux (R.P.) : La Chambre est une plateforme de discussion importante entre les deux pays. Elle constitue d’ailleurs le premier réseau d’affaires franco-suédois. Notre objectif, c’est de l’animer, en organisant des déjeuners et des évènements par exemple. Nous avons à cœur d’y promouvoir les échanges, le partage d’informations. Je tiens à dire que ce n’est pas une institution franco-française. Beaucoup de Suédois font appel à nous, c’est pourquoi nos évènements se déroulent parfois en anglais.
Nous offrons aussi à nos membres une panoplie de services. Pour les Français qui veulent se développer en Suède notamment. Nous les conseillons dans leur démarche de recrutement du personnel local. À ce sujet, la CCI fait le trait d’union entre les autorités et les employeurs.
Nous sommes aussi là pour les entreprises qui veulent créer des filiales en Suède. Il y en a eu un certain nombre pendant la pandémie. Les sociétés se sont recentrées sur le marché européen, et la zone nordique a suscité un réel engouement.
F.A.E. : Dans quels secteurs se trouvent les plus grandes opportunités pour les Français en Suède ?
R.P. : La fintech et le domaine lié à la transition énergétique sont en croissance. La Suède est une grande nation industrielle, et aujourd’hui, elle s’engage dans des perspectives nouvelles. À savoir la production d’acier vert, la décarbonisation de son industrie ou encore le développement de nouveaux produits moins polluants. La finalité est d’atteindre les objectifs environnementaux fixés par le gouvernement suédois. Les secteurs pharmaceutiques et de la cleantech ont aussi de beaux jours devant eux.
La plupart des opportunités se situent dans la capitale, à Stockholm. Mais plus récemment, de nombreux Français font le choix de s’expatrier à Göteborg ou Malmö, des villes en expansion.
F.A.E. : Comment est reçu un Français qui désire développer son business en Suède ?
R.P. : Pour les étrangers, il est très simple de s’établir dans le pays. La Suède déploie de nombreux moyens pour attirer les talents sur son sol. La CCI va aider les Français à se développer ici, dès son implantation physique.
F.A.E. : Quel regard portez-vous sur la conjoncture économique actuelle, après deux ans de pandémie ?
R.P. : La période a rabattu les cartes. L’écosystème suédois est très attractif, c’est une certitude. Son excellence en matière d’innovation et son leadership en matière de transition écologique font partie de ses nombreux atouts.
Mais d’autres éléments ont penché en la faveur de la Suède. Beaucoup de Français ont eu envie de changer d’horizon. Même si Stockholm n’est qu’à 2h15 de Paris en avion, vous êtes dépaysé. La qualité de vie, ici, est remarquable. Il y a beaucoup de respect pour la vie privée des salariés. Vous ne pourrez par exemple jamais fixer un rendez-vous professionnel après 16h30. Après avoir goûté au modèle suédois, peu de Français ont envie de répartir.
F.A.E. : D’après vous, quels sont les défis à venir pour le pays ?
R.P. : La Suède était un des pays les mieux préparés au télétravail. Avant le Covid-19, c’était une pratique très largement répandue. Les salariés restaient chez eux une à deux journées par semaine. Pendant la pandémie, rien n’a été imposé, mais une grande majorité de personnes est restée à temps plein à domicile. Le défi, aujourd’hui, est de les faire revenir sur leur lieu de travail. Pour cela, il faut faire plus que des règlements, il est indispensable de créer une culture d’entreprise. Nous, à la CCI, je vous avoue qu’il a été difficile de faire revenir les gens à nos évènements. Mais depuis quelques mois, nous constatons un net regain.