Oubliez Prague et ses cohortes de touristes. A 200 kilomètres au sud-est de la capitale de la République tchèque, Brno, deuxième ville du pays, est encore un secret à découvrir. Nous sommes ici au cœur de la Moravie, cette région d’Europe de l’Est, encore largement méconnue.
Brno, 450 000 habitants, est surtout l’épicentre de l’architecture fonctionnaliste, un mouvement né dans l’entre-deux-guerres, dans les années 20 et 30, explique le Français Franck Ferlay : “Comme son nom l’indique, il fallait que ce soit ouvert, pratique. Ce sont de grandes ouvertures. À l’époque, c’était quand même rare de grandes fenêtres ouvertes sur l’extérieur avec la lumière naturelle qui entre dans les bâtiments. Aujourd’hui, c’est à la mode, ce sont des maisons qui sont très faciles à vivre.”
Le plus bel exemple de cette architecture fonctionnaliste à Brno est la villa Tugendhat, chef-d’œuvre de l’architecture moderne, classée à l’Unesco depuis 2001. Des visites y sont proposées tous les jours. Le lieu a aussi une portée historique, explique-t-il : “C’est ici, en 1993, qu’a été signée de façon pacifique la séparation de la Slovaquie et de la République tchèque puisque l’année prochaine, on fêtera les 30 ans de la Tchéquie.”
Né en Ardèche, étudiant à Grenoble, Franck Ferlay vit depuis des années à Brno. Prof d’histoire-géo depuis 24 ans dans un lycée bilingue de Brno, il a aussi ouvert il y a quatre ans avec un copain un bar à vin pas loin du centre, derrière la cathédrale, “Chez Franck & Thierry“, où les deux gaillards se sont mis en tête de faire découvrir aux Tchèques les spécialités françaises.
Bataille des trois Empereurs
Quant à la ville de Brno, elle mérite le détour, assure Franck Ferlay. On est bien loin de l’image grise et poussiéreuse qu’on peut avoir des grandes métropoles d’Europe centrale : “On est sous la cathédrale près d’un quartier piéton médiéval avec une belle place et un marché quotidien aux légumes, aux fruits, avec des produits locaux. Maintenant, c’est vraiment une ville très moderne. Il y a un quartier high tech qui fonctionne très bien avec toutes les plus grandes sociétés informatiques et de télécommunications du monde. C’est vraiment une belle ville avec des activités diversifiées, que ce soit l’industrie, le commerce, mais aussi le monde universitaire et les technologies.”
Patrie de l’écrivain Milan Kundera, Brno compte ainsi 60 000 étudiants dont une bonne partie venue de la Slovaquie voisine. Située à une vingtaine de kilomètres d’Austerlitz, Brno est aussi entrée dans l’Histoire grâce à la célèbre bataille des trois Empereurs (Napoléon Ier, François Ier et Alexandre Ier), et la victoire de Napoléon le 2 décembre 1805. Chaque année, on y commémore d’ailleurs ce fait d’armes mémorable. Plus globalement, la ville est à la croisée des chemins dans la région, assure le Français : “On pense à Prague quand on dit Brno. Bien sûr, c’est la République tchèque, mais on est plus près de Vienne, en Autriche, et de Bratislava, en Slovaquie. Il y a beaucoup de gens qui visitent les capitales de l’Europe centrale et qui s’arrêtent à Brno. C’est l’étape idéale et agréable. On n’est pas très loin non plus de la Pologne, c’est le centre de l’Europe !”
Agréable à la belle saison, cette cité ne manque pas d’attraits non plus en décembre, lorsqu’elle fête la Saint-Nicolas et déploie son marché de Noël. Lire et écouter la chronique ici
Aller plus loin
- Se renseigner : visitczechrepublic.com
- Se loger : Hôtel Passage
- Se restaurer : Srdcovka
- “Chez Franck & Thierry”, le bar à vin des deux Français de Brno
- Visiter la villa Tugendhat