Jamais une circonscription des Français de l’étranger n’avait sans doute été aussi scrutée par tous les médias, dans ce territoire électoral regroupant l’Espagne, le Portugal, Andorre et Monaco. La candidature de l’ancien Premier ministre de François Hollande a tôt fait d’attirer micros et caméras. Disqualifié surprise au soir du premier tour, c’est donc Stéphane Viojetta qui l’a emporté au second face au candidat de la NUPES, Renaud Le Berre, issue d’Europe Écologie Les Verts. Ancien banquier d’affaires, arrivé à Madrid il y a près de vingt ans, Stéphane Vojetta était en réalité le député sortant puisque suppléant de Samantha Cazebonne. Il avait dû lui succéder en plein milieu de son mandat lorsque l’intéressée avait préféré aller se faire élire au Sénat plutôt que de rester sous les ors du Palais-Bourbon. À 47 ans, le Français a passé près de la moitié de sa vie à l’étranger. Entre Turin, Londres et Madrid où il est arrivé en 2005 et où il jongle entre ses engagements politiques et ses activités d’entrepreneur. Durant les cinq ans qui viennent, il souhaite améliorer encore le sort des Français de sa circonscription. «95% de la vie quotidienne des expatriés dépend de la politique nationale ou régionale de l’endroit où ils vivent, explique-t-il dans un entretien au média espagnol en ligne Equinox, mais je vais faire en sorte qu’on aille de l’avant sur la dématérialisation de l’administration et de l’emploi francophone.»
Premier vrai mandat
Son objectif est également de traiter de la question de la résidence de repli dans la première loi budgétaire du quinquennat qui sera examiné à la rentrée. Marié à une Espagnole et père de trois enfants binationaux, celui qui se définit comme un indépendant par opposition à un homme de parti est impliqué dans la gestion de plusieurs sociétés de soutien aux start-up en phase de développement. Pour son premier vrai mandat, il ambitionne d’améliorer la qualité des échanges avec ses compatriotes. «Une partie de notre programme consiste à apprendre à mieux communiquer notamment en utilisant les réseaux sociaux, explique l’élu. Quand on est Français en Espagne, on se pose souvent des questions sur ses droits ou l’accès aux démarches administratives et il est souvent difficile d’avoir la réponse, en particulier ces derniers temps, comme la mobilité dans le cadre de la crise du Covid-19.» Sans surprise, Stéphane Vojetta souhaite aussi défendre l’apport des entrepreneurs à l’économie et leur engagement personnel. «L’Europe a besoin d’innovation, plaide-t-il, faute de quoi le monde continuera d’avancer, mais sans nous, chaque jour un peu plus inféodé aux GAFAs ou à leurs rivaux chinois surprotégés par le régime communiste.»