Portrait de la semaine
Des souliers sur mesure à Montréal
Arrivé avec sa compagne il y a cinq ans sur les rives du Saint-Laurent au Québec, Alexandre Faure s’est lancé dans la confection de chaussures sur mesure. A 29 ans, le Français vient juste de terminer ses démarches d’immigration un peu fastidieuses mais il reconnaît que l’accueil que le couple a reçu à son arrivée au Canada a été à la hauteur de ce qu’il espérait.
150 heures, soit le travail de près d’un mois ! C’est le temps que met en moyenne Alexandre Faure pour confectionner de A à Z une paire de chaussures entièrement personnalisée et sur-mesure, moulage des pieds du client, création de la forme, réalisation d’une paire d’essayage… Il faut voir ses gestes appliqués, minutieux et précis à chacune des 250 étapes nécessaires. Alors forcément, avec une telle somme de travail, le prix de ces modèles uniques s’en ressent. Le Français vend ainsi chaque paire à partir de 3 500 dollars à une clientèle internationale. « L’objectif est d’allier le confort de l’orthopédie avec l’esthétique d’une belle paire de chaussure élégante et habillée ». Ses clients sont souvent des amateurs de chaussures ou des personnes ayant de la difficulté à se chausser dans le prêt à porter.« Personne n’a deux pieds identiques, avec le sur-mesure on va pouvoir aller chercher cette différence, avoir le meilleur du confort pour les deux pieds et une durabilité optimale. Lorsque bien ajustée, une paire sur-mesure dure 25 ans avec un entretien minimal. »
Un bel accueil
Alexandre Faure s’est installé avec sa compagne (qui gère une animalerie) il y a cinq ans à Montréal. Ils viennent tout juste de terminer leurs démarches pour l’immigration. «Avec le recul, je dirais que c’est facile, assure-t-il, mais lorsqu’on était dans les étapes de renouvellement de visa, c’étaient toujours des moments pénibles, il y a de l’incertitude. On ne peut pas arriver au Québec, dire on s’installe ici, puis c’est réglé ! Non, ça a quand même pris cinq ans. Mais il y a probablement énormément de pays où c’est beaucoup plus compliqué. Nous, on l’a bien vécu, on a eu un bel accueil.» Il faut dire que le couple ne débarquait pas tout à fait au Canada en terre inconnue puisque la sœur d’Alexandre Faure vivait depuis déjà deux ans à Montréal à leur arrivée.
Déjà un pied dans la chaussure
Né en France, grandi en Italie puis installé à Lyon, le Français rêvait de grands espaces. Formé à la maroquinerie en France, à son arrivée à Montréal, il commence par être cordonnier : «J’avais déjà un pied dans la chaussure, explique-t-il dans un sourire, mais quand vous réparez une chaussure, vous vous intéressez forcément à comment elle a été fabriquée et c’est comme cela que, petit à petit, j’en suis arrivé là. » Alexandre Faure travaille dans son atelier de la rive sud du Saint-Laurent avec passion « Mon expérience précédente dans la réparation m’a apporté un savoir-faire et une connaissance que l’on ne peut acquérir autrement. Sans ça je n’aurais pas pu être un bottier accompli. » Un des nombreux défis est de faire venir au Canada ses matières premières : «Ça a toujours été compliqué d’avoir accès à certains produits européens, notamment des cuirs français. Je travaille avec des cuirs d’exception difficiles à trouver ; les grandes maisons aiment se réserver la fine fleur des matières premières. » Travaillant seul, le jeune homme de 29 ans ne connaît aucun problème de main d’œuvre mais ce n’est pas le cas de sa compagne qui peine, elle, vraiment à recruter dans son animalerie. «Elle est continuellement en train de rechercher de nouvelles personnes, le recrutement est devenu son quotidien, témoigne-t-il. Même avant la pandémie, la pénurie de main-d’œuvre au Canada a toujours été une réalité, beaucoup plus qu’en France, mais c’est aussi ce qui nous a permis d’arriver puis de nous faire une place en montrant qu’on avait envie de travailler et qu’on travaillait sérieusement.» En accord avec son temps, Alexandre s’efforce de répondre à une demande de plus en plus tournée vers la durabilité.
Aller plus loin
Une vidéo montrant son travail.
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