La French Tech Toronto rassemble les entrepreneurs français basés au Canada mais aussi toutes les entreprises canadiennes innovantes réalisant ou souhaitant réaliser des affaires avec la France. Les missions de la communauté sont d’accueillir les nouvelles start-up françaises au Canada anglophone, mais également de présenter l’écosystème tech français et ses avantages aux structures canadiennes de l’innovation : start-up, incubateurs et fonds d’investissement. La French Tech Toronto est une communauté membre d’un réseau international déployé par la mission French Tech qui compte plus de 140 associations représentant les entrepreneurs français dans le monde.
Chaque année la mission French Tech répertorie au sein de son programme FT120, les 120 start-up en hyper croissance, sur un critère de levées de fonds (>20M€) et/ou de croissance de chiffre d’affaires. Le programme est ensuite relayé par les communautés, dont celle de l’Ontario. Parmi ces entreprises, les secteurs les plus représentés sont ceux de la santé, la médecine et les biotechnologies, également la finance et l’assurance (fintech, assurtech), les ressources humaines, la revente, le marketing et les médias. « Nous recensons toutefois de plus en plus de “jeunes pousses” dans les secteurs de l’agriculture et des cleantechs (énergie, agriculture, traitement des déchets ou mobilité) », précise Maxime Alexandre, coprésident de la French Tech Toronto. La mission French Tech a ainsi lancé les programmes AG20 et Clean20 pour identifier les vingt start-up françaises les plus en croissance dans ces domaines. En Ontario, le PNB du secteur tech représente 65 milliards de CAD (50 milliards d’euros chaque année pour un peu plus de 320 000 travailleurs (dont 70% ont fait des études supérieures) au sein de 24 000 entreprises.
Un « Pacte Parité »
Certes à la pointe de l’innovation et douées d’une grande agilité, les entreprises de la French Tech n’échappent pas pour autant à la pénurie de main-d’œuvre qui touche le Canada comme le reste du monde. Chaque année en Ontario, les 63 500 nouveaux diplômés tech ne suffisent pas à combler tous les postes créés au sein du deuxième cluster Tech d’Amérique du Nord. « La main-d’œuvre qualifiée étrangère, et notamment bilingue francophone, est une ressource précieuse, glisse Estelle Chen coprésidente de la French Tech Toronto. Nous faisons notamment la promotion de l’écosystème ontarien auprès des francophones et francophiles pour attirer de nombreux talents localement. Par ailleurs, nous favorisons également les échanges avec les talents canadiens qui veulent continuer leur parcours en France, au travers du French Tech visa. » La communauté tente également d’attirer plus de femmes dans ces nouveaux métiers. Pour atteindre cet objectif, la mission French Tech a lancé le « Pacte Parité » visant à arriver à un seuil minimal de 20% de femmes siégeant au board (conseil d’administration, ndlr) de l’entreprise d’ici 2025, puis 40% d’ici 2028, et à former les managers sur les enjeux de la diversité.
Juger sur pièce
Tous les profils francophones ou francophiles sont les bienvenus, et donc pas uniquement les « Français de France ». Pour un candidat, la première démarche est de demander et d’obtenir un permis de travail (Work Permit ou PVT ou résidence permanente) afin d’accélérer les démarches et de faciliter l’intégration au sein d’entreprises canadiennes. « La grande erreur à éviter est de raisonner en termes de statut : “J’avais tel type de poste dans mon pays d’origine, donc je ne peux pas accepter un titre en dessous au Canada” », explique M. Alexandre. Les Canadiens sont très pragmatiques. Ils jugeront votre valeur ajoutée sur pièce et pas à l’aune de votre diplôme ou de votre intitulé de poste dans votre pays d’origine. N’ayez donc pas peur de redémarrer au bas de l’échelle, vous verrez que vous rattraperez très vite les étapes. » Il déconseille également d’attendre de trouver un poste sans s’investir dans la communauté locale. Le bénévolat constitue une part importante de l’éducation des Canadiens. « À votre arrivée, investissez-vous dans une association culturelle, sportive ou religieuse, suggère-t-il encore. Tout est bon pour écrire une première ligne canadienne à votre CV et obtenir des références locales qui vous aideront à développer votre réseau.»
Pour la bonne cause
Quant aux procédures d’immigration, les délais se résorbent de plus en plus et devraient revenir à la normale d’ici quelques semaines. « Nous sommes impressionnés par la réactivité et les capacités des services d’immigration à répondre aux crises ukrainienne, afghane ou syrienne, reconnaît Mme Chen Co, admirative. En quelques mois, plus de 100 000 réfugiés ont été accueillis au Canada. Il est vrai que les dossiers plus traditionnels et moins urgents ont pu accuser du retard et que les “talents tech” ont parfois dû patienter beaucoup plus longtemps que par le passé, mais c’était pour la bonne cause et c’est en passe de se résoudre. »
Le télétravail est par ailleurs une option et plus de 70% des entreprises canadiennes considèrent le modèle hybride comme une solution durable. Elles sont en effet très minoritaires à envisager sur le long terme un modèle 100% télétravail, notamment pour des raisons fiscales ou de cohésion d’équipe. « Le Canada a trop à offrir en termes de culture de bienveillance, d’hospitalité, de perspectives économiques pour le vivre à distance. Nous vous encourageons à franchir le pas et venir découvrir le Canada et notamment l’Ontario », conclut M. Alexandre.