Plus c’est gros et plus ça passe, dit l’adage, sauf ici. Dans la quatrième circonscription d’Amérique du Nord (Québec et provinces atlantiques), les électeurs sont à nouveau convoqués aux urnes le 22 octobre, pour la… cinquième fois cette année ! De quoi se luxer le poignet à force de glisser des bulletins dans l’urne, car seul le vote physique sera autorisé. Les deux responsables de cette carambouille sont Virginie Beaudet et Laurent Gonin, élus tous les deux en mai dernier parmi les sept conseillers des Français de l’étranger sortis des urnes au cours d’un scrutin plus que serré. Sauf que les deux postulants se sont livrés à des manœuvres peu orthodoxes et surtout illégales, relève le Conseil d’État. La liste de Virginie Beaudet affichait en effet clairement sur ses affiches et ses flyers le parrainage de Nicolas Hulot, et celle de Laurent Gonin celui d’Emmanuel Macron. Chacun avait bien pris soin de reproduire en grand le portrait de l’ancien ministre écologiste, texte et signature à l’appui, et la photo en grand du chef de l’État. Sauf que ni l’une ni l’autre n’avait obtenu les précieux médiatiques soutiens dont ils se prévalaient ! Saisie par le « vrai » candidat LREM, Florent Pigeyre, la plus haute juridiction administrative française a donc estimé dans sa décision que la campagne électorale des deux impétrants avait été de nature à tromper l’électeur.
Commission de propagande
Les deux élections sont annulées, mais dans les faits, ce sont les sept conseillers et délégués de la circonscription qui sont démis de leur mandat. Alors quelle légitimité auront les nouveaux élus dont les noms sortiront des urnes le 22 octobre ? Privés de campagne nationale et de vote en ligne (trop coûteux à organiser pour une seule circonscription), c’est l’abstention qui promet de battre tous les records. Déjà, en 2014, un premier contentieux avait atterri devant le Conseil d’État. À l’époque, Il était reproché à un vétérinaire de Montréal, François Lubrina, de monter des listes de différentes couleurs politiques dans le but de n’en faire qu’une seule dont il prendrait la tête au moment de l’élection à l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE). Pour en finir avec ces impostures, le sénateur Jean-Yves Leconte et son collègue Christophe-André Frassa proposent la création d’une commission de propagande destinée à scanner les professions de foi de tous les candidats au poste de conseiller des Français de l’étranger.