Oubliez aussi l’Europe en crise. Le contexte général sur le Vieux Continent est morose. L’Asie du Sud-Est en général, et le Cambodge en particulier, échappent pour l’instant relativement à ces soubresauts. Bien reparti après le Covid-19, le pays a même les honneurs des deux géants de l’audit, KPMG et Deloitte, qui ne tarissent pas d’éloges sur le Cambodge auprès de leurs clients. Dans un rapport, le second a même classé le royaume khmer parmi les six pays au monde où se trouvent les meilleures opportunités d’investissement cette année ! Plus largement, l’Asie du Sud-Est est, selon Deloitte, un territoire attractif pour les fortunes européennes.
Une croissance rapide
Il faut dire que la hausse du PIB du Cambodge cette année devrait osciller entre 5,2% et 6,3%, soit l’une des projections les plus élevées de la région. Cela fait du pays l’une des économies à la croissance la plus rapide au monde, une prévision impressionnante compte tenu des crises géopolitiques et de la perturbation partielle des chaînes d’approvisionnement mondiales. Selon la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement), les flux d’IDE (investissements directs étrangers) entrant au Cambodge sont restés stables en 2020, à 3,6 milliards de dollars. Ils ont augmenté de 22% l’an dernier malgré la pandémie. Le royaume reste le PMA (pays les moins avancés) ayant reçu le plus d’IDE.
Un futur tigre asiatique
Selon Laurent Evrard, ancien banquier au Luxembourg récemment installé à Phnom Penh, « de nombreux analystes chinois et américains ont prévu que le Cambodge pourrait avoir une chance de devenir le “tigre de l’Asie du XXIe siècle” dans un avenir proche, après la fin du Covid-19 et au milieu de l’incertitude mondiale ». Au Grand-Duché, le Français gérait le portefeuille de grosses fortunes européennes. « Aujourd’hui, l’Europe est en crise, constate-t-il. Entre la surinflation, l’endettement, l’euro qui s’effondre face au dollar, la guerre en Ukraine, la crise du Covid et la fermeture de la Chine…, les investisseurs privés européens cherchent à diversifier leurs placements hors de l’Europe. Le Cambodge, mais aussi d’autres pays de la région, deviennent attractifs. »
Une porte d’entrée sur l’Asie Pacifique
De grands groupes internationaux comme Decathlon, Peugeot, Pernod Ricard, 7 Eleven, Pizza Hut, Bose… ont décidé de développer leurs activités au Cambodge. Bluebell Group, le premier distributeur et opérateur de marques de luxe en Asie, a officiellement annoncé le lancement de ses activités à Phnom Penh. Le groupe commercialise actuellement environ 150 marques internationales, dont Burberry, Christian Dior, Dolce & Gabbana, Jimmy Choo, Louis Vuitton, Tiffany & Co et Versace. L’entreprise s’occupera de la gestion d’un centre commercial faisant partie du projet de développement urbain «The Peak» dans la capitale – trois tours dans l’une desquelles s’installe Shangri-La, chaîne d’hôtels de luxe cinq étoiles. Avec ses 17 millions d’habitants et malgré l’émergence d’une classe moyenne, le marché est toutefois limité au Cambodge. Il reste cependant une niche et surtout une porte d’entrée stratégique sur le grand marché de l’Asie-Pacifique.