Épisode six. Chemise, veste et cravate de rigueur. Notre minibus arrive donc à l’heure dans la cour du ministère. A part un point de contrôle à l’entrée, on entre ici très facilement. Ni portique de sécurité, ni agent à l’œil suspicieux. La plupart des membres du gouvernement sont francophones mais Sun Chanthol préfère s’exprimer en anglais, même s’il a séjourné dans l’ouest parisien.
Dans une grande salle, entouré d’une palanquée de conseillers, le ministre détaille la stratégie gouvernementale mise en place sur plusieurs décennies pour moderniser en profondeur les infrastructures de transport du Cambodge. Schémas, cartes et photos à l’appui -diffusées sur un écran XXL-, il raconte comment « ces nouvelles infrastructures (ports en eau profonde, trois nouveaux aéroports, première autoroute, développement du ferroviaire) vont permettre au Cambodge de devenir un ‘hub’, un centre multimodal de l’Asean (Association de dix États d’Asie du Sud-Est). »
Le ministre évoque aussi sans détour les faiblesses actuelles des infrastructures des transports et ses ambitions pour la route, l’aérien, le ferroviaire (projet de ligne vers la frontière vietnamienne puis connectée à Hô Chi Minh-Ville et aux nouvelles routes chinoises de la soie), le fluvial et le maritime. Quelques jours avant notre venue, la première autoroute du pays, entre Phnom Penh et le port de Sihanoukville (187 kilomètres, un chantier à deux milliards de dollars US), a d’ailleurs été ouverte, désengorgeant la circulation dans toute la partie sud du Cambodge.
Un taux de pauvreté en recul
De retour dans le centre de Phnom Penh, la journée se terminera par un dîner arrosé (avec modération !) de bières locales, sur la terrasse battue par la pluie et les vents du restaurant Yi Sang Riverside sur les bords du Mékong. Autour de Frédéric Dubois, il sera question d’économie responsable. Arrivé il y a douze ans au Cambodge, le Français a en effet cofondé Platform-Impact, un outil destiné à développer et donner des moyens d’action aux entreprises engagées dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales et environnementales.
Platform-Impact rassemble des personnalités à hauts profils complémentaires. Son projet aujourd’hui est la livraison à domicile d’une eau de boisson saine pour les populations les plus défavorisées de la capitale, puis d’autres villes du Cambodge. « Les chiffres montrent que la pauvreté diminue au Cambodge, assure le Français. Il y a cinq ans, il y avait 250 000 personnes vivant sous le seuil de pauvreté à Phnom Penh, dans les bidonvilles et les quartiers précaires. Aujourd’hui, on en compte à peu près 125 000. Néanmoins, il y a de plus en plus de personnes -à peu près 100 000 par an- qui viennent s’installer à Phnom Penh depuis les villages. »
Il était ensuite temps pour toute la petite troupe, trempée jusqu’à l’os, de rentrer au Penh House Hotel pour une dernière nuit avant le vol retour vers Paris (une heure de retard cette fois contre huit à l’aller, merci Cathay Pacific !) Ce court mais intense séjour aura permis à chacun de se faire sa propre idée loin des clichés sur le Cambodge, pays en plein développement et en pleine croissance. Bien sûr, il reste beaucoup à faire, en matière d’éducation à l’environnement par exemple, mais au fil des rencontres, chacun a bien ressenti dans le discours des interlocuteurs rencontrés, politiques, diplomates comme chefs d’entreprises l’envie d’aller de l’avant et d’entraîner le pays vers un avenir plus radieux.