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Français à l'étranger
1 novembre 2022

Yan Chantrel : « Il faut réarmer notre service public consulaire »

Un peu plus d’un an après son entrée au palais du Luxembourg, Yan Chantrel, sénateur socialiste représentant les Français établis hors de France, installé lui-même au Canada, revient sur les actions et réflexions qu’il a menées lors de ces douze premiers mois.

Quel premier bilan tirez-vous de votre mandat ?

Je constate que les Français du Canada, que je connais bien pour y vivre, rencontrent de nombreux obstacles dans leur parcours d’immigration. En raison des délais particulièrement importants pour s’installer de manière permanente au Québec, ils sont de plus en plus nombreux à  s’installer directement dans les autres provinces. En tant que président du groupe d’amitié France-Canada, j’interviens régulièrement auprès de mes homologues canadiens afin de débloquer des situations et de les sensibiliser sur des situations difficiles. Je suis également très sollicité concernant les délais pour obtenir un rendez-vous pour la délivrance d’actes d’état civil ou un passeport auprès du consulat de Montréal. Les agents qui y travaillent ne sont pas en cause, c’est le manque important de moyens en personnel dans nos consulats qui génère cette situation. Il faut réarmer notre service public consulaire en le dotant de moyens adéquats.

Quelle est la place de la France au Canada ?

Nous venons de célébrer le 16 octobre l’amitié unique qui unit nos deux pays depuis 400 ans lors du dévoilement du monument Amicitia à Ottawa. La France et le Canada nourrissent une relation unique avec de nombreux accords, dans le domaine de la culture, la recherche ou l’éducation. La France est l’un des dix principaux partenaires commerciaux du Canada, le neuvième pour les échanges de biens et le sixième pour les services.

On évalue d’ailleurs à plus de 150 000 le nombre de Français présents au Canada. Ce sont eux qui font vivre concrètement la relation entre nos deux pays. C’est une  relation riche qu’il faut entretenir en facilitant notamment l’installation des Français qui souhaitent y vivre, mais aussi favoriser la venue d’un plus grand nombre de Canadiens en France. Il faut aussi permettre une réelle reconnaissance des diplômes pour favoriser les échanges entre nos deux pays.

Quelles sont les opportunités pour les Français au Canada ?

Elles sont nombreuses dans un pays qui connaît une pénurie de main-d’œuvre importante sur l’ensemble de son territoire. À tel point que plus de 1,4 million d’emplois seront à pourvoir d’ici 2026. Les secteurs les plus touchés sont les domaines de la construction, des transports, de la santé, de l’hébergement, de la restauration ainsi que la vente et les services. Le secteur des nouvelles technologies se développe très fortement à travers notamment l’industrie cinématographique et des jeux vidéo ainsi qu’un pôle important en matière d’intelligence artificielle.

Quid des relations entre la France et le Canada ?

Le Canada est le pays qui accueille le plus grand nombre d’étudiants français. On en compte près de 18 000 chaque année. Ils sont majoritairement présents dans les universités du Québec en raison de la langue que nous avons en partage et d’un accord permettant des frais de scolarité réduits pour les étudiants français. En raison du coût de la vie qui augmente fortement sur place, de nombreux étudiants travaillent en même temps que leurs études. Il est essentiel de mettre en place une couverture médicale ainsi qu’un fonds public d’aide à leur destination.

Y a-t-il un risque de voir disparaître la francophonie au Canada ?

Le président de la République a annoncé sa volonté de doubler les effectifs des établissements français hors de France mais tout en diminuant les budgets alloués à notre politique éducative hors de France, ce qui occasionne une course au tout privé avec des conditions de travail et salariales souvent au rabais. L’éducation ne doit aucunement être une source de profit mais la garantie d’un service accessible pour nos compatriotes et le rayonnement de notre pays dans le monde.

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