Plusieurs facteurs expliquent le manque de personnel : le vieillissement de la population active, un faible taux de natalité et plus récemment les conséquences de la pandémie. La crise sanitaire a provoqué des pertes d’emploi en 2020, mais le Québec s’est relevé et a retrouvé ses taux d’emploi et d’activité prépandémiques en 2021. «Il comptait plus de 34 000 emplois de plus en décembre 2021, par rapport à décembre 2019», explique Emna Braham, directrice adjointe de l’Institut du Québec (IDQ). En parallèle, le manque de recrues est un frein à la croissance et impacte les entreprises. Ce n’est plus majoritairement aux candidats de séduire mais plutôt aux employeurs. Ces derniers ont dû réévaluer les salaires (l’IDQ indique que les salaires ont progressé en moyenne de 2,1% en 2021, avec une pointe à 3,4% en fin d’année), et s’adapter aux demandes en faisant valoir des avantages sociaux.
Le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale anticipe d’ici 2030 1,4 million de postes vacants à combler et à ciblé cinq secteurs prioritaires à traiter de toute urgence par le biais de l’Opération main-d’œuvre.
Plus de 60 000 travailleurs sont attendus d’ici cinq ans parmi les secteurs essentiels
- 27 000 travailleurs de la santé et des services sociaux pour la réalisation de grands chantiers : Maisons des aînés, augmentation des services à domicile, réforme de la protection de la jeunesse et un plan d’action en santé mentale. Les professionnels recherchés sont principalement : des infirmiers, auxiliaires de santé, ambulanciers, travailleurs sociaux, psychologues, préposés aux bénéficiaires qui assistent les personnes âgées et les patients. Tous ces besoins sont accrus depuis la pandémie.
- 25 000 éducatrices à la petite enfance regroupant la profession d’éducatrice en service de garde en milieu scolaire et les éducatrices et aide-éducatrices en préscolaire. Le gouvernement reconnaît le rôle essentiel de ces professions pour le développement des jeunes enfants et une bonification salariale importante leur a été offerte.
- 8 000 professionnels de l’éducation : enseignants du préscolaire au secondaire, personnel en appui aux enseignants.
- 3 000 agents administratifs dans le réseau de la santé afin de soulager le personnel soignant.
Concernant les secteurs stratégiques
Le Québec veut recruter 110 000 travailleurs qualifiés :
- 55 000 dans l’industrie de la construction, notamment pour bâtir des logements abordables pour les immigrants à accueillir.
- 50 000 travailleurs qualifiés en technologie de l’information, secteur prospère et à la pointe du progrès de l’économie du Québec. De nombreuses et importantes sociétés y sont implantées et offrent de grandes opportunités professionnelles.
- 5 000 travailleurs qualifiés en génie civil, que ce soit dans le domaine mécanique, électrique ou automatisation.
Plusieurs axes vont être déployés au sein de l’Opération main-d’œuvre pour valoriser et encourager les formations à ces métiers en forte demande grâce à des bourses incitatives au niveau collégial et universitaire, allant jusqu’à un montant de 9 000$ pour un programme de trois ans en études collégiales et une bourse totale maximale de 15 000 $ pour trois ans d’études universitaires.
Le Ministre a par ailleurs, mis l’accent sur l’immigration comme l’une des solutions majeures pour remédier à la situation et a insisté sur la nécessité d’en faciliter les processus pour en augmenter le nombre. Trois mille travailleurs, le double de l’an passé, est désormais le but à atteindre.