Malgré le recul de l’utilisation du français dans la province, les écoles d’immersion et les écoles francophones participent à la sauvegarde du français dans la province et dans le pays. Fondée en septembre 1962, l’école TFS a commencé dans le sous-sol de la maison de Harry et Anna Por Giles, qui recherchaient en vain une éducation bilingue pour leurs enfants en Ontario, option qui n’existait pas à l’époque. Au-delà du bilinguisme, leur vision comprenait aussi la mixité filles-garçons, la laïcité et une éducation qui vise l’excellence et offre aux élèves « une perspective internationale ». Rapidement, le couple s’est tourné vers la France pour développer sa pédagogie et recruter des enseignants. Aujourd’hui encore, de nombreux professeurs sont issus du ministère français de l’Éducation nationale et viennent pour trois ans ou plus à Toronto. L’école est connue pour avoir une grande stabilité au niveau de son personnel. Une des enseignantes est à TFS par exemple depuis cinquante ans ! La première professeure, en 1962, était d’origine libanaise. « En maternelle et en primaire, ils viennent majoritairement de France, explique Ronan Le Guern, gestionnaire bilingue des communications à TFS. Au lycée, c’est un mélange entre des professeurs français, des enseignants canadiens qui ont une spécialité très axée sur le baccalauréat international, et d’autres du monde entier. » Il est fréquent qu’ils restent autour de vingt – vingt-cinq ans. « Nos élèves sont eux essentiellement issus de familles canadiennes anglophones, détaille M. Le Guern. Seuls un peu moins de 10 % sont françaises ou francophones. On compte dans la province environ 600 000 Franco-ontariens et une petite partie sont élèves à TFS. Ils viennent chercher chez nous une rigueur académique française et un esprit de communauté où tout le monde se connaît. »
Plus de trois mille anciens
En 1980, l’école obtient le patronage de la reine Elizabeth II, elle-même une excellente francophone, pour son travail précurseur à l’égard du bilinguisme au Canada. De six élèves à l’époque, l’école en comptait 600 dix ans plus tard et 1500 aujourd’hui. Les cours vont donc de la maternelle à la fin du secondaire, dans trois bâtiments sur le campus principal de Toronto et un autre à Mississauga. Même s’il n’est pas aussi représenté qu’au Québec ou qu’en Acadie, le français reste une langue qui compte dans la province. « En Ontario, les familles francophones ont la possibilité de scolariser leurs enfants dans un réseau francophone public ou catholique très important réparti sur l’ensemble du territoire, explique M. Le Guern. Ces conseils scolaires francophones sont très populaires. » Soixante ans après sa création, TFS, membre du réseau AEFE (de la maternelle à la troisième, NDLR) et de la Mission laïque, est l’une des plus grandes écoles indépendantes du Canada. L’établissement ne reçoit aucune subvention. Plus de 3 000 anciens élèves établis dans plus de trente pays composent l’association de ses anciens. TFS va lancer prochainement une levée de fonds pour construire un théâtre sur son campus principal de Toronto et un gymnase sur le campus de Mississauga.
Toronto French School (TFS), l’école internationale du Canada