Europe, Amérique, Afrique et même Chine… Les demandes d’installation d’entreprises affluent de partout sur le bureau des autorités de Singapour, dont le principal problème aujourd’hui est de gérer cette abondance et cet assaut de prospérité. Avec un PIB par habitant 2,3 fois plus élevé qu’en France, la microscopique ville-État, à la pointe de la Malaisie, n’était déjà pas à plaindre question croissance.
Et cela devrait continuer. Grâce à un régime fiscal très attractif, Sanofi vient d’ouvrir là-bas une de ses deux usines ultramodernes de vaccins, l’autre étant en France. Carine Lespayandel dirige depuis 20 ans la Chambre de commerce franco-singapourienne. Avec plus de 600 entreprises membres, et un réseau de 6.000 personnes au total, c’est une des plus actives au monde.
« Singapour a toujours été un endroit qui attirait les investissements étrangers parce que c’est un pays avec une stabilité économique, politique et une reconnaissance de la propriété intellectuelle, détaille la Française. C’est un des pays les plus favorables pour faire des affaires. Tout le monde parle anglais, vous avez la possibilité de recruter des talents locaux très bien formés, ce qui fait que Singapour est utilisée comme plateforme régionale, pas uniquement pour le marché intérieur singapourien, mais pour couvrir toute l’Asie en général, voire l’Asie-Pacifique. »
Qu’est-ce qui pourrait arrêter Singapour ?
Son succès pourrait la griser mais son attractivité se paie au prix fort. Les étrangers sont exclus de 80% du parc locatif, constitué de logements publics réservés aux locaux. Reste une portion des 20% sur laquelle se battent les expatriés, contraignant beaucoup au départ sous des cieux moins coûteux.
Un pays de la taille d’un confetti
Carine Lespayandel confirme que l’immobilier est compliqué sur l’île : C’est la loi de l’offre et la demande et en ce moment, on est plutôt sur une inflation des prix de la location notamment. Singapour a toujours été un pays plus cher que ses voisins. On est sur des territoires où il y a une immigration sélective de talents étrangers choisis pour compléter la force de travail locale. »
Et cet afflux de nouveaux venus du monde entier dans un pays de la taille d’un confetti ne semble pas inquiéter la Française. « Il y a un système de planification urbaine qui a été mis en place avec des plans à dix, vingt ans, trente ans, etc pour optimiser l’usage de la terre qui est le bien le plus précieux à Singapour puisque effectivement c’est un petit territoire, explique-t-elle. Il y a un organisme qui est en charge de la planification urbaine de Singapour. La planification a été faite pour aller jusqu’à au moins sept millions d’habitants. Aujourd’hui, il y en a cinq millions et demi. »
La crise Covid a rebattu les cartes et fait émerger à Singapour des secteurs jusque-là peu représentés, comme l’AgriFood Tech, l’innovation grâce au numérique dans les secteurs de l’agri et de l’agroalimentaire. « L’ambition de Singapour, c’est d’être autonome pour son alimentation à 30% à l’horizon 2030, explique la Française, ça a vraiment été accéléré par le COVID où il y a eu des ruptures qui ont fait que Singapour a vraiment pris un tournant pour devenir un peu plus autonome pour son alimentation, par rapport à avant, où finalement ce n’était pas du tout une priorité.»
Plus de 200 fermes s’invitent ainsi en ville, sur les toits des buildings mais aussi sur leurs façades. Le micro-État compte même une ferme verticale. Lire et écouter la chronique ici