Persona non grata dans tout le reste du monde, Les Russes font flamber l’immobilier à Dubaï, comme en témoigne cette Française, directrice d’une agence immobilière dans l’émirat.
Le marché immobilier de Dubaï vient de connaître sa meilleure performance depuis 12 ans, avec près de 19 milliards d’euros de ventes en fin d’année dernière. La première vague date de la crise du Covid-19, explique la franco-marocaine Khadija El Otmani, à la tête d’une importante agence immobilière à Dubaï : « Il y a eu une sorte d’exode des gens, d’un peu partout dans le monde, parce que c’était le seul pays ouvert à ce moment-là. Beaucoup de gens qui ne connaissaient pas bien les Émirats sont venus en se disant : “au moins, là-bas, c’est ouvert, et ils ont décidé de rester. »
Deuxième flot de riches investisseurs, les Russes, depuis le début de la guerre en Ukraine, boycottés dans la plupart des pays du monde. À Dubaï, à l’inverse, on déroule le tapis rouge pour les accueillir : « Les Russes ont toujours été des clients très fidèles, reconnaît la franco-marocaine, on va dire des Émirats. Mais là, il y a eu vraiment un gros arrivage de gens qui se sont dit : on ne peut plus aller en Europe ni aux États-Unis, on ne peut plus aller là, on ne peut plus faire ça. On nous bloque notre argent, donc on va investir en masse à Dubaï. »
Résultat : l’économie de l’Émirat est chauffée à blanc, et les records s’enchaînent. En fin d’année dernière, on a ainsi relevé un peu plus de 500 millions d’euros de transactions immobilières en une seule journée, du jamais vu. Dubaï jouit aussi de l’image d’un endroit sûr, avec un grand potentiel de retour sur investissement.
L’âge d’or de l’immobilier
D’autant que le processus d’achat est simple et rapide. Tout peut être bouclé en une journée et entièrement à distance. Le seul document nécessaire est un passeport en cours de validité. « Chaque fois qu’il y a un conflit au niveau international, la première chose que les gens fortunés font, c’est de sauter dans un avion et d’atterrir à Dubaï, où ils transfèrent tout ou partie de leur fortune dans les Émirats, observe Mme El Otmani. On l’avait déjà vu avec le printemps arabe. Ce n’est pas un phénomène nouveau, c’est juste un peu plus voyant. On est dans l’âge d’or de l’immobilier à Dubaï. »
Très intéressé par ces nouveaux investisseurs, le gouvernement dubaïote accompagne le mouvement via l’octroi de visas beaucoup plus longs, ou aux règles plus flexibles, par exemple pour les travailleurs ou retraités âgés de plus de 65 ans. Le visa pour les investisseurs dans l’immobilier ou les créateurs d’entreprise est lui passé de trois à 10 ans. Le montant minimum d’investissement en échange de ce visa a également été abaissé. Ces assouplissements ont provoqué l’an dernier une augmentation de la population de plus de 100 000 habitants. Résultat : les prix de l’immobilier flambent ici. La Française cite le cas d’un de ses clients, acheteur il y a quelques mois d’une villa à 3,5 millions d’euros qui a ensuite été revendue 16 millions, plus de quatre fois plus cher. Une hausse du nombre de particuliers fortunés qui montre que Dubaï devient également un marché source d’investissements.
Mais les expatriés ne sont pas en reste : l’an dernier, les Français se classaient au cinquième rang des investisseurs immobiliers à Dubaï, une première depuis l’ouverture des achats immobiliers aux étrangers, il y a quelques années. Lire et écouter la chronique ici
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