Pouvez-vous présenter le groupe éducatif de la CCI Paris Ile-de-France ?
Le groupe éducatif de la CCI Paris Ile-de-France regroupe 14 écoles, avec des formations qui vont du CAP au doctorat. Parmi elles, certaines sont très orientées vers l’international pendant toute la durée des études. C’est le cas de nos business schools : HEC, Essec et ESCP BS. Cette dernière dispose d’ailleurs de six campus en Europe et les étudiants doivent réaliser leur parcours sur au moins trois sites différents. Elles sont toutes les trois affiliées à la Conférence des grandes écoles. Sans être aussi internationalisées, d’autres écoles jouissent également d’une réputation mondiale. C’est le cas de nos écoles professionnelles, à savoir l’école de gastronomie et de management hôtelier Ferrandi Paris, l’école des Gobelins qui enseigne tous les métiers de l’image, ou encore Isipca, école française d’études supérieures en parfumerie, produits cosmétiques et formulation d’arômes alimentaires. Nos autres écoles ont un ancrage territorial. Au total, notre groupe éducatif compte 42 000 étudiants – dont 30% d’étudiants internationaux –, 17 000 apprentis et 30 000 adultes en formation continue.
De quels pays viennent ces étudiants étrangers ?
En France, c’est notre groupe éducatif qui est le plus exposé à l’international. Selon les chiffres les plus récents, 143 nationalités se côtoient dans nos écoles. Ces étudiants internationaux viennent en majorité d’Europe (39%), d’Asie (28%) et d’Afrique (16%). Nous souhaitons aujourd’hui accroître le nombre d’étudiants étrangers dans nos écoles mais en cherchant un équilibre entre les nationalités. Certaines cultures ont en effet tendance à être moins visibles que d’autres. Les écoles souhaitent davantage de diversité.
Outre l’accueil de ces étudiants étrangers, quelle proportion d’étudiants français part en mobilité à l’étranger ?
En 2021, nos étudiants nationaux étaient 7 300 à partir en mobilité, malgré la pandémie. Nous disposons en effet aujourd’hui de 642 accords internationaux dans 77 pays, ce qui laisse un grand nombre de possibilités. À titre de comparaison, en 2007 nous n’avions que 389 accords. Lors de cette mobilité, nos étudiants partent soit effectuer un stage, soit dans le cadre d’un échange académique. Mais les écoles de notre groupe ont tendance à privilégier les expériences professionnelles : sur les 7 300 mobilités de 2021, 5 200 étaient des stages. Nos étudiants partent majoritairement en Europe (61%), l’Asie (20%) et l’Amérique du Nord (6%) arrivent ensuite.
Pourquoi privilégier l’expérience professionnelle ?
Les chambres de commerce et d’industrie ont créé des écoles afin de répondre aux besoins de compétences des entreprises, à une époque où la seule manière de se former consistait à suivre un cursus académique pour acquérir des connaissances. L’objectif de nos écoles est de transmettre des compétences. C’est une approche très différente : l’idée est de former des collaborateurs compétents pour les entreprises, et pas seulement des sachants.
Pouvez-vous nous parler des évolutions à venir pour développer la mobilité de vos étudiants ?
Nous avons décidé de renforcer cette mobilité en la mettant également à disposition des apprentis. Pour l’heure, la mobilité est très limitée pour un apprenti puisque quand il n’est pas en formation, il est en entreprise. Dans le cadre d’un consortium avec d’autres écoles, nous avons souhaité développer la mobilité longue des apprentis pour leur permettre soit d’étudier, soit d’avoir une expérience professionnelle à l’étranger. Ce projet conduit par Euro App Mobility s’intitule Mona.
Quels bénéfices les étudiants tirent-ils de ces expériences à l’étranger ?
Partir à l’étranger permet à nos étudiants de développer de nombreuses compétences : d’abord de renforcer leurs compétences linguistiques, mais aussi d’acquérir un certain nombre de connaissances pratiques. Cela vaut particulièrement pour les apprentis : on ne travaille pas forcément de la même façon dans un atelier français, allemand ou espagnol. Enfin, ces expériences à l’étranger développent l’intelligence relationnelle.
Cette ouverture sur l’international a-t-elle également des retombées pour vos établissements ?
Nous avons un vrai savoir-faire français en ce qui concerne les business schools : il est salué chaque année à l’international, mais n’est pas toujours connu du public. Dans son classement 2022 des business schools européennes, le Financial Times classe HEC à la première place pour la quatrième année consécutive, devant la London Business School. Il faut batailler tous les ans pour se maintenir à cet excellent niveau. L’ESCP BS est quant à elle montée au troisième rang et l’Essec arrive au neuvième rang. Nos trois business schools font donc partie du Top 10. Mais il faut mieux faire connaître ces très bons résultats à l’étranger pour attirer davantage d’étudiants. Pour cela, la chambre de commerce a créé un consortium pour aider les étudiants à postuler : « Join a school in France ». Ce consortium recrute pour HEC, l’ESCP mais aussi pour l’EM Lyon, Skema Business School et Audencia, qui ne dépendent pas de notre groupe éducatif. Il permet aux étudiants de postuler à ces cinq prestigieuses écoles avec une seule candidature.
Et pour les autres écoles ?
Nos écoles professionnelles ont également une renommée mondiale. Les grands chefs issus de Ferrandi travaillent aujourd’hui partout dans le monde. Aux Gobelins, les formations sur la photographie et sur le cinéma d’animation sont très réputées, au-delà des frontières françaises. Enfin, Isipca forme les meilleurs créateurs en parfums et cosmétiques. Pour recruter davantage d’étudiants étrangers, toutes ces écoles ont – comme les business schools – développé des programmes en anglais.
Avec quels établissements êtes-vous en concurrence à l’international ?
Nos principaux concurrents sont aussi nos partenaires : l’université Bocconi en Italie, la LBS au Royaume-Uni, les grandes universités américaines, etc. Les étudiants qui souhaitent rejoindre nos business schools hésitent d’ailleurs souvent avec d’autres universités prestigieuses en Europe, voire aux États-Unis pour les meilleurs. Tandis qu’en France, il n’y a pas vraiment de concurrence puisque nos écoles sont très distinctives. L’un de nos avantages par rapport à nos concurrents, c’est que nos écoles sont moins coûteuses que dans un certain nombre de pays, notamment les États-Unis. Elles disposent aussi d’une politique de bourses qui est très développée. Environ 30% des admis reçoivent ainsi une aide financière.
Quel est le taux de réussite aux examens dans vos différentes écoles, disposez-vous de chiffres ?
En 2021, il était de 95,8%. Mais au-delà de ce taux de réussite, nous regardons surtout ceux de l’insertion sur le marché professionnel. Ces différents taux sont étudiés chaque année pour toutes nos formations par un observatoire dont nous disposons en interne : l’Observatoire de la formation, de l’emploi et des métiers (Ofem). En 2021, il était de 91,6% à sept mois : cela montre que nos écoles forment en nombre les professionnels de demain, dans des secteurs très variés.