Le 17 novembre 2022, le premier ministre portugais Antonio Costa dévoilait un « Plan ferroviaire national » (PFN) pour relancer les mobilités douces. L’enjeu ? Atteindre les objectifs environnementaux fixés par la COP 27 et inclure le pays dans un réseau ferroviaire européen. Cette initiative implique toutefois de rétablir les échanges avec l’Espagne. Ce projet transfrontières avait en effet subi un coup de frein avec la pandémie de Covid-19.
Doubler les lignes ferroviaires au Portugal
Selon un article d’El País, la durée d’un voyage entre Lisbonne (Portugal) et Madrid (Espagne) est actuellement de neuf heures – les voyageurs étant obligés de prendre minimum trois trains pour faire ce trajet. « Une telle fragilité des connexions ferroviaires entre deux pays voisins est incompréhensible » déclarait le ministre portugais des Infrastructures, Pedro Nuno Santos dans le quotidien espagnol. Cette situation encourage les usagers à privilégier d’autres moyens de transports, tels que l’avion ou la voiture. Améliorer les connexions entre les deux pays semble donc nécessaire pour atteindre les objectifs du Portugal : passer de 4,6% d’utilisateurs de train à 20% d’ici 2050.
Pour « ne pas perdre de vue un avenir où le Portugal aura des connexions ferroviaires avec l’Europe au-delà des Pyrénées », le PFN propose de doubler le nombre de lignes de trains sur le territoire et au-delà. Une bonne nouvelle pour la planète, mais aussi pour les Français de la péninsule ibérique : le plan envisage de remettre en service la ligne Sud Express, qui relie la France au Portugal, en passant par Madrid. À terme, le PFN voudrait « articuler la ligne Sud Express avec ses tronçons à grande vitesse et ses trains urbains pour desservir au mieux tout le territoire portugais ».
Un projet qui n’est pas « coordonné avec le gouvernement espagnol »
Mais pour réaliser un tel projet, le PFN précise que les décisions doivent « nécessairement être articulées avec l’Espagne ». La partie est loin d’être gagnée : selon le directeur du think tank sur la transition écologique Eco-union Jérémie Fosse, même s’il s’agit d’un plan « ambitieux et nécessaire », il n’est « malheureusement pas coordonné avec le gouvernement espagnol sur les liaisons transfrontalières ».
Pour le Portugal, ces divergences sont majoritairement dues à la crise sanitaire. Entre fermetures de frontières et ralentissements des voyages, la compagnie espagnole Renfe a dû supprimer les trains de nuit reliant Barcelone et Madrid à Lisbonne. Mais pour Jérémie Fosse, les difficultés de correspondance remontent à plus loin : « Malheureusement la pandémie a été l’excuse des gouvernements espagnols et portugais pour réduire et éliminer les liaisons transfrontalières qui n’étaient pas économiquement rentables ».
Un calendrier encore incertain
Pour débloquer cette situation, l’Adif, entité rattachée au ministère espagnol des Transports, des mobilités et de l’agenda urbain a signé une convention de partenariat avec Infraestrutura de Portugal en juin 2021. Selon un document transmis par la structure espagnole, cette collaboration permettra de mettre en place « des connexions transfrontalières à partir de trois régions [d’Espagne] » : l’Estrémadure, la Galice et la Castille-et-Leon. L’Adif envisage « un investissement global de 3,7 millions d’euros » qui sera mobilisé pour construire une portion ferroviaire spécifique entre Badajoz (Espagne) et la frontière portugaise.
Ce plan ferroviaire est encore balbutiant et le gouvernement portugais précise n’avoir « aucune échéance spécifique ». « L’objectif de ce plan est de communiquer un projet de développement et d’investissement sur plusieurs années » précise le rapport. Selon les difficultés techniques et les financements, le pays devrait planifier les travaux par « cycles de 7 à 10 ans ». La première portion devrait permettre de relier les villes de Porto et Soure au centre du Portugal. Cette phase de construction est prévue entre 2024 et 2028. À titre indicatif, le Portugal s’est fixé une date de fin de travaux d’ici 2050.