En décembre 2019, Julien Vasseur arrive au Québec avec un visa fermé lié à son entreprise pour y lancer Ekoklean On Demand, un service de nettoyage déjà actif en France. Pendant un an, avec son associé resté de l’autre côté de l’Atlantique, il fait pivoter cinq fois le concept. « Quand j’ai intégré EntrePrism, le seul qui accompagnait les résidents temporaires, on se posait la question d’un dernier virage », se souvient-il.
Rattaché à HEC Montréal, l’incubateur prône « une inclusion par l’entrepreneuriat », précise Guillaume Campeau, le directeur des programmes. Gratuit, le dispositif francophone est ouvert à tous, quel que soit le secteur d’activité, et surtout aux profils issus de l’immigration. « Souvent, ils n’ont pas accès à énormément de ressources alors que ce sont ceux qui ont envie de se lancer le plus fortement ». Mais pour que l’intégration économique soit optimale et que les locaux comprennent les enjeux de l’immigration, « il fallait que les néo-Québécois côtoient les Québécois. »
« Un client québécois ne dit jamais non »
« EntrePrism nous a permis de structurer nos process et de mieux comprendre le monde des affaires québécois ! », confirme Julien Vasseur. « Par exemple, un client québécois ne dit jamais non mais il ne va pas vous répondre. Ici on travaille beaucoup l’oral, sans contrat. »
Pendant ces six mois d’accompagnement, Julien et son associé font pivoter une sixième fois leur concept : Ekoklean bascule d’un service B2B vers une offre B2C, où l’intelligence artificielle propose une mission de ménage à un travailleur autonome inscrit sur la plateforme. « Ici, la flexibilité du travail est très importante, les gens cherchent un complément de revenu en plus du contrat de 35 à 40h qu’ils ont déjà. » L’emplacement au cœur du campus de l’école de commerce montréalaise a aussi permis à Julien Vasseur de trouver une grande majorité de ses « ekokleaners », la plateforme travaillant à 98% avec des étudiants.
Un accès direct à l’expertise des alumnis
Pour Cindy Vaucher, également membre de la promotion 2021 et installée au Canada depuis 2009, EntrePrism a facilité son accès aux bons réseaux pour lancer Retournzy, un service de contenants réutilisables consignés pour la restauration au Québec. « C’est l’incubateur de l’école où j’étudiais en maîtrise en management et développement durable, donc je savais qu’on aurait des intervenants de qualité », explique la jeune femme originaire de Saint-Marcellin, en Isère.
Plus de dix-huit mois après être sortie du programme, la coopérative à but non lucratif a toujours ses bureaux au sein de l’espace de coworking « pour rester dans l’écosystème, continuer à s’entraider et éviter l’isolement qu’on peut ressentir en tant qu’entrepreneur ». Autre avantage: un accès direct à l’expertise et à l’expérience des alumnis, très sollicités.
Coaching et stage de survie dans les bois
En janvier 2023, EntrePrism a ainsi intégré sa 8e promotion, appelée « cohorte » et composée d’une quinzaine d’entreprises choisies parmi une soixantaine de dossiers, souvent aux prémices de leur développement. Durant 12 à 15 heures par semaine sont prévus formations, ateliers interculturels, coaching, mentorat mais aussi expériences plus insolites comme « un stage de survie dans les bois pour développer sa capacité à naviguer dans l’incertitude ».
Les entrepreneurs bénéficient aussi d’un accompagnement à la recherche de différentes sources de financements, des sources difficiles d’accès pour ceux qui ne sont pas résidents permanents ou citoyens. Parmi les projets incubés, « la quasi-totalité veut, dès le départ, avoir un impact social et environnemental. Nous avons donc développé un accompagnement spécifique », souligne Guillaume Campeau. Car l’incubateur veut former « des leaders responsables qui bâtissent des entreprises à impact ». Huit ans après son lancement, 85% des profils accompagnés sont d’ailleurs toujours entrepreneurs selon EntrePrism.