Français à l’étranger: Quelle est la feuille de route de la commission du développement durable et du commerce extérieur que vous présidez pour la prochaine session plénière de l’AFE ?
Jean-Luc Ruelle: Pour la prochaine session qui sera organisée entre le 27 et le 31 mars 2023, notre Commission poursuivra ses activités orientées vers le développement durable et la promotion du commerce extérieur de la France. Nous ferons une présentation en plénière de la Fresque du climat* et nous offrirons à une quinzaine des 90 élus – sur la base du volontariat – la possibilité de participer à cet atelier qui montre sous une forme ludique toutes les interactions qui peuvent intervenir en matière de développement durable. C’est un outil de pédagogie qu’on doit rendre accessible dans les écoles et les institutions. Nous comptons aussi évaluer l’efficacité des outils de promotion du commerce extérieur des pouvoirs publics et des organisations d’influence : nous avons prévu des études et des auditions pour voir ce que valent les organismes comme Business France, le réseau des chambres de commerce internationales, Bpifrance, etc. Nous voudrions, d’ici fin 2023, après avoir rencontré toutes ces organisations, faire un mini-livre blanc.
Français à l’étranger: Vous inspirez-vous des modèles étrangers en matière de développement durable et de commerce extérieur ? Quel genre de modèle la France devrait-elle suivre ?
Jean-Luc Ruelle: Je ne sais pas pour le développement durable, mais pour le commerce extérieur nous n’avons pas besoin de réinventer la roue : l’Espagne et l’Italie sont des modèles à suivre. Ils ont une vraie volonté politique qui se décline en actions véritablement performantes, en comparaison avec ce que fait Business France qui manque parfois d’efficacité. Je pense qu’il faut mener une véritable réforme de Business France, apprécier le statut de leurs missions. Il y a des problèmes de méthodologie, mais aussi de budget investi par les États. Et il y a ce mode français auquel on n’échappe pas : le fait de travailler principalement en faisant des exercices intellectuels en chambre qu’on ne confronte pas avec les locaux, les chambres de commerce françaises, etc. C’est pour cette raison qu’il faudrait s’inspirer – mais pas seulement – de ce qui se fait en Italie et en Espagne qui ont des approches beaucoup plus pragmatiques. Par exemple, tous leurs dispositifs sont digitalisés. En France, nous en sommes aux balbutiements en la matière.
Français à l’étranger: Comment alliez-vous développement durable et commerce extérieur dans vos travaux ?
Jean-Luc Ruelle: Le libellé de la commission peut en effet étonner : développement durable et commerce extérieur. Essayer de les gérer en silo, chacun séparément, n’est pas une bonne attitude. Nous essayons d’avoir des approches transversales, naturellement, même si ce n’est pas facile. Dans les auditions ou réflexions que nous produisons, nous prévoyons notamment de faire intervenir des entreprises comme Saint-Gobain ou Dassault Systèmes. Elles possèdent une forte technicité en matière de développement durable et sont très porteuses en matière de commerce extérieur français. Nous comptons aussi auditionner le patron du club export de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Cette agence montre à quel point il est possible d’améliorer les processus, être plus respectueux des contrats de développement durable. Nous souhaitons par la suite diffuser leurs bonnes pratiques dans nos pays d’origine via ce club export, afin que la France soit exemplaire en matière de développement durable.
* Cette association vise à sensibiliser le grand public aux enjeux du réchauffement climatique.