Le statut professionnel
Choisir de créer sa propre entreprise et travailler en free-lance est la solution la plus courante lorsqu’on décide de travailler depuis l’étranger. Ces options sont d’ailleurs privilégiées par 80% des nomades numériques. Cela n’empêche pas de prévoir, avant le départ, une soulte de sécurité dans le cas où l’activité professionnelle prendrait du temps à être rentable, ou en cas de baisse d’activité.
Ces statuts engendreront d’autres questions, notamment celle de la fiscalité applicable. Cela peut s’avérer un vrai casse-tête : double imposition, convention bilatérale entre la France et le pays de résidence… Pour celles et ceux qui en ont les moyens, il est plus sécurisant de prendre conseil, avant son départ, auprès d’un avocat spécialiste de la fiscalité internationale.
Nomadisme et télétravail
Les personnes ayant un statut de salarié peuvent tout aussi bien vivre l’expérience du nomadisme numérique grâce au télétravail. Porté aux nues pendant la crise sanitaire, plus souvent remis en question aujourd’hui, ce mode de travail suppose néanmoins d’être vécu à temps plein pour éviter les allers-retours incessants. Si le statut de salarié continue d’offrir les meilleures conditions en termes de sécurité d’emploi, il est cependant fortement conseillé d’être au clair avec son employeur sur l’exercice de son télétravail. En effet, ce droit au télétravail, même s’il est prévu par le Code du travail, n’est pas acquis et doit toujours être consenti par l’employeur. Ce qui est loin d’être toujours le cas. En effet, selon une étude réalisé par OpinionWay, 60% des dirigeants d’entreprises de plus de 20 salariés considèrent le télétravail à l’étranger comme impossible, et 16% d’entre eux s’y opposent… Les raisons évoquées sont nombreuses : perte de contrôle sur le salarié, crainte d’une baisse de la productivité et de la qualité du travail, décalage horaire… Il convient donc d’être habile pour négocier son projet de nomadisme avec son employeur, tout en conservant son statut de salarié.
Nomadisme et écologie
Les personnes sensibles aux enjeux environnementaux pourront être amenées à questionner leur projet dans la mesure où il est difficile de concilier nomadisme et écologie. Par définition, une activité nomade engendre des déplacements, parfois fréquents, qui peuvent sérieusement alourdir son bilan carbone. Le nomade numérique vertueux privilégiera donc le train pour ses longs trajets lorsque c’est possible, un moyen de transport qui pollue 23 fois moins que l’oiseau de fer, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).
En ce qui concerne le transport aérien et ses répercussions environnementales, le site de l’aviation civile propose un calculateur d’émissions de gaz à effet de serre.
Si aucune option claire ne s’offre à vous, il pourra être envisagé de compenser l’empreinte carbone par diverses initiatives. C’est le cas notamment du site greentripper qui permet de calculer le dioxyde de carbone (CO2) émis lors de ses déplacements et qui propose diverses initiatives pour tenter de compenser ces contraintes.
Le piège de « l’enfermement communautaire »
Il est toujours rassurant, lorsque l’on part à l’étranger, de retrouver d’autres Français une fois arrivé à destination, surtout lorsque la langue et la culture du pays d’accueil sont très différentes des nôtres. Cependant, le risque de passer à côté de la vie locale est un réel écueil. Reste donc à toujours se souvenir de ce qui a motivé son changement de vie, à savoir la découverte de l’inconnu et cette part d’imprévu qui est le sel du voyage…
Définir son espace de travail
> À son domicile
Beaucoup de nomades digitaux font le choix de la location temporaire, notamment via Airbnb. L’avantage est de jouir librement d’un logement complet, y compris de pouvoir y travailler à condition de s’assurer d’une bonne connexion internet. Au moment de la réservation, nombreux sont les propriétaires prêts à accorder une ristourne pour les réservations d’une durée d’un mois ou plus. Pensez à leur envoyer un message pour vous assurer d’une part de la qualité de la connexion (on ne le répétera jamais assez !) et pour négocier le tarif.
Lorsque la superficie du logement est suffisante, travailler directement depuis son domicile peut être un réel avantage comme un piège à éviter. En effet, il est avéré que travailler depuis son domicile peut augmenter considérablement son temps de travail. Il serait dommage de passer à côté des raisons pour lesquelles on a adopté ce nouveau mode de vie… Il convient dès lors de s’astreindre à une réelle discipline et de respecter les horaires que l’on s’est fixé.
> En coworking
Cet espace de travail partagé est un excellent moyen pour délimiter sa vie privée et son exercice professionnel. Il favorise aussi les rencontres et la possibilité de travailler en synergie avec d’autres personnes. Le coworking existe depuis de nombreuses années et s’est fortement développé depuis la dernière décennie. Ces espaces dédiés sont fréquents dans le monde, mais deux noms sur le marché du coworking s’imposent : Wework, qui propose 746 établissements dans 121 villes du monde, et le groupe IWG (Regus, Spaces, HQ, No18, The Office Operators, Openoffice, Bizdojo et Basepoint) qui dispose de 3 300 sites dans plus de 1 000 villes.
> le coliving
Présent depuis un peu plus de cinq ans en France, ce mode de logement urbain était déjà répandu dans de grandes villes telles que Berlin, Tokyo ou encore New-York. Il convient parfaitement aux nomades souhaitant vivre en communauté tout en se préservant un peu d’intimité. En ce sens, le coliving allie des espaces privés et des espaces partagés où le coworking trouve toute sa place. Généralement, les espaces privatifs sont tous équipés et comprennent une chambre, une salle de bains et une petite cuisine. Un service clé en main ; tout est conçu pour éviter les contraintes logistiques du quotidien. La flexibilité des baux est également un plus, la durée du séjour pouvant aller d’un mois à un an.
* Pour trouver un coliving dans le monde : coliving.com
> Sur les routes
Pour celles et ceux qui souhaitent se rapprocher plus encore de la notion de nomadisme, travailler depuis son van et parcourir le monde est possible, bon nombre d’expériences en témoignent. Reste néanmoins à être suffisamment équipé, et particulièrement d’une antenne externe sur le toit ainsi qu’un boîtier wifi pour avoir accès à internet.
Veiller à bien s’assurer
Si votre destination est un pays membre de l’Union européenne, la carte européenne d’assurance maladie (CEAM) vous permettra d’être couvert. En revanche, si votre destination se situe en dehors de l’UE, une adhésion à la Caisse des Français de l’étranger (CFE) est vivement conseillée afin de bénéficier de la même protection sociale qu’en France. Pour rappel, la CFE est un organisme de Sécurité sociale chargé d’une mission de service public et placé sous tutelle des ministères en charge de la Sécurité sociale et du Budget. Cette adhésion à la CFE n’empêche pas de contracter des assurances complémentaires pour les longs séjours à l’étranger, et aux modalités souvent personnalisables. Enfin, en ce qui concerne le matériel informatique, il est possible de souscrire une assurance affinitaire qui prévoit une assurance à l’étranger. Il existe également des organismes qui assurent le matériel « high tech » pour tous ses équipements et appareils à l’étranger (parachut.com ou ava.fr).