Français à l’étranger: Depuis quand vivez-vous à Séoul?
Arnaud Laudrin: Je me suis installé à Séoul il y a dix ans maintenant. Il y a sept ans, j’ai ouvert une crêperie mais ce commerce étant peu rentable, j’ai décidé petit à petit d’y associer la vente de vins français. Aujourd’hui, j’ai 200 vins à ma carte, contre une quinzaine au début. Le concept de crêpes existe toujours, mais seulement de 18h30 à 21h.
FAE: Cela a été facile de vous installer à Séoul ?
A.L: En terme administratif oui, car je suis marié à une Coréenne. Mais en ce qui concerne le côté professionnel, cela a été un peu plus difficile. Personne ne connaissait les crêpes bretonnes. Au début, les gens venaient donc pour prendre un café ou un thé sans forcément commander à manger. D’où ma volonté de me diriger vers les vins. Le succès a été au rendez-vous et je peux même vous dire que certains mineurs tentent leur chance pour entrer ! Mais l’accès leur est bien sûr interdit.
FAE: Pourquoi avoir gardé le concept de crêpes seulement de 18h30 à 21h?
A.L: En Corée du Sud, les gens aiment boire en ayant de quoi grignoter à côté. Passé 21h, je propose des plateaux de fromages pour accompagner les vins. Ce concept m’a permis d’augmenter considérablement mon chiffre d’affaires: avec le service des vins, il arrive que certains dépensent plus de 100 euros par table, ce qui est une somme importante en Corée.
FAE: D’où vient votre désir de faire découvrir la gastronomie française et le vin en Corée du Sud ?
A.L: J’avais autour de moi des gens passionnés par le vin, et je suis moi-même peu à peu tombé amoureux du monde vinicole. J’avais à cœur de faire découvrir nos vins connus à travers le monde et de montrer ce produit de prestige français. D’autant qu’en Corée du Sud, les vins d’Italie connaissent un véritable succès en raison des nombreux restaurants italiens présents dans la capitale. J’ai donc voulu présenter une alternative et faire découvrir aux Coréens ceux que nous produisons en France.
FAE: Quelles sont les bouteilles qui séduisent le plus la population sud-coréenne?
A.L: Je travaille avec neuf importateurs de vins français pour avoir une large gamme. Les Coréens raffolent des vins de Loire, comme le Jasnière, un vin blanc. Afin de toujours faire découvrir des nouveautés aux habitués, j’essaie de varier mes commandes. Lorsqu’ils apprécient, certains demandent d’ailleurs de repartir avec leur bouteille. En ce qui concerne les prix, nous avons des vins à 30 euros mais aussi certains comme Le Mouton de Rothschild ( Bordeaux), qui peut coûter jusqu’à 800 euros.