Des salles de cinéma rouvertes, à nouveau des embouteillages dans les rues aux heures de pointe : Kiev a retrouvé un peu de normalité, depuis l’été dernier. Les Français sont quelques centaines à être restés malgré les bombardements et les alertes. La plupart effectuent des allers-retours entre l’Ukraine et la France, comme Carlos de Cordoue.
Directeur du Crédit Agricole en Ukraine, le Français est arrivé il y a trois ans à Kiev. La banque employait alors 2500 salariés dans 150 agences. 80% sont toujours ouvertes aujourd’hui, en particulier dans la capitale, où la vie a donc repris son cours, après le départ des troupes russes, vers le front est et le Donbass : « Aujourd’hui, vous allez à Kiev, les restaurants sont ouverts. La seule chose, c’est que c’est ponctué d’alertes, mais beaucoup de gens se sont habitués à ça, et continuent leur vie normale. Les magasins restent ouverts. »
Diplomatie du premier et dernier kilomètre
L’ambassade de France en Ukraine est toujours restée ouverte pendant la guerre. Un temps déménagée à Lviv, à l’ouest, près de la Pologne, elle est l’une des premières représentations étrangères à avoir regagné Kiev, et à avoir continué à fonctionner, c’est l’une des grandes fiertés de l’ambassadeur, Étienne de Poncins, interrogé sur France Inter : « Nous pratiquons ce que j’appelle la diplomatie du premier kilomètre, c’est-à-dire identifier leurs besoins. Donc, nous allons à leur contact pour prendre connaissance de ces demandes que nous transmettons à Paris, aux différents ministères. Et puis, après, c’est la diplomatie du dernier kilomètre, nous remettons cette aide et nous communiquons autour de l’appui que nous nous apportons. »
Ce qui impressionne le plus Carlos de Cordoue, c’est l’ingéniosité et l’agilité dont ont fait preuve les Ukrainiens, une fois passé l’état de sidération du début de l’invasion russe, en particulier après le blocage des ports et des silos agricoles de la mer Noire par les troupes du Kremlin : « C’était vraiment spectaculaire à voir, c’est comment toutes les chaînes logistiques se sont réorientées, et notamment le train et le camion, pour pouvoir acheminer les céréales par les voies terrestres, la Pologne, puis surtout d’ailleurs la Roumanie et les ports du Danube. Les Européens ont beaucoup soutenu ces créations de corridors. Et de 500 000 tonnes par mois par la voie terrestre, on est passé à 2 millions et demi de tonnes, au début de l’été de l’année dernière. »
Pascal Boiteux vit lui aussi depuis plusieurs années à Kiev
Comme une bonne partie de ses compatriotes, depuis un an, il a effectué quelques allers-retours entre l’Ukraine et la France. Une chose est sûre, dit-il, les Ukrainiens ne sont pas prêts à s’asseoir avec les Russes, pour signer sur un coin de table la fin de la guerre : « Ce que je ressens très fort au niveau de la population, c’est qu’ils veulent que leurs enfants puissent vivre en paix, et que ça ne se reproduise plus. Il n’y a pas cet esprit de vouloir arrêter la guerre à tout prix. »
Selon un sondage, 95% des Ukrainiens croient en la victoire de leur pays contre la Russie, ce qui montre que la détermination du pays ne diminue pas, après un an de guerre. Lire et écouter la chronique ici