« Mettre en lumière les opportunités d’un marché encore trop peu connu » : voilà le défi des entrepreneurs français en Israël selon Laurent Saint Martin. À l’occasion du premier forum d’affaires France Israël le directeur général de Business France ainsi que de nombreux acteurs de la collaboration économique entre les deux pays se sont réunis pour parler des opportunités du marché israélien. Le développement du pays dans le domaine de l’innovation et de la tech pourrait bénéficier aux entreprises françaises, qui envisagent de plus en plus de collaboration bilatérale avec les acteurs israéliens.
Le marché israélien, entre plein-emploi et développement
Selon le président des conseillers du commerce extérieur (CCE) Alain Bentejac, le marché israélien, bien que « petit » est « extrêmement dynamique », en raison d’un niveau de vie élevé. L’économie de ce pays de neuf millions d’habitants est une économie dite de « plein emploi » : le taux de chômage s’y élevait à 4,3% en décembre 2022 selon les chiffres de l’institut statistique local, CBS (Central bureau of statistics).
Ce contexte économique positif, associé à une forte culture de la start-up a permis à Israël d’investir 5,4% de son budget dans le domaine de la recherche. Selon le directeur général de Business France, ces investissements ont permis au pays de devenir un « hub d’innovation » : clean tech, high tech, santé, cybersécurité… Un secteur d’avenir qui pourrait bénéficier aux entrepreneurs français. « Nous avons vu les États-Unis investir massivement en Israël, contrairement aux Européens qui sont restés plus frileux » a déploré Philippe Koskas, directeur d’un cabinet d’avocats en Israël. Entre les 200 000 Français inscrits au registre consulaire en Israël et la forte communauté juive en France, les relations diplomatiques entre les deux pays pourraient, pour les intervenants, propulser la collaboration économique.
Une augmentation des exportations de 53% depuis 2020
Mais la signature des accords d’Abraham le 15 septembre 2020 – dans le but d’améliorer les relations diplomatiques entre Israël et ses voisins du Moyen-Orient – a permis à la France d’augmenter ses échanges commerciaux avec le pays de manière exponentielle. Les exportations françaises à destination d’Israël sont ainsi passées de 1386 millions d’euros en 2020 à 2 131 millions en 2022 – soit une augmentation de 53%, selon les chiffres du commerce extérieur.
Si le pays ne représente pas le premier partenaire commercial de la France dans la région, il est celui avec lequel les échanges se sont le plus développés ces dernières années. Mais pour le sénateur et président du groupe d’amitié France-Israël Roger Karoutchi, « ce n’est pas assez ». Pour lui, il est nécessaire de « renforcer des relations bilatérales déjà solides ». Une vision partagée par Alain Bentejac, selon lequel il est nécessaire « d’utiliser tous les dispositifs de soutien aux entreprises possibles » comme la Chambre de commerce et d’industrie France Israël (CCI France Israël), ainsi que le bureau local de Business France.
Faire de la France une « porte d’entrée vers le marché européen »
À ce jour, Business France a accompagné près de 140 entreprises dans leurs projets d’exportation ou d’implantation. Pour son directeur général, la « liste de success story est longue et doit encore s’allonger ». Dans le cadre d’un projet massif d’infrastructures de transports notamment, Laurent Saint Martin s’est réjoui que « des PME [Petites et moyennes entreprises] françaises ont répondu aux appels d’offres » du gouvernement israélien en mai 2022. Selon lui, comme les groupes israéliens sont à la recherche d’une « expertise des entreprises françaises » ce type de projet permet de lancer des « projets conjoints en recherche et développement ».
Et c’est sur ce format collaboratif que les différents acteurs du forum ont insisté : à travers l’organisation d’opérations de réseautage et d’événements B2B (Business to Business), les intervenants voudraient générer plus de partenariats entre les entreprises des deux pays. La directrice de l’Institut Technion France – deuxième campus mondial derrière les États-Unis – Valérie Sabah estimait que la France devait jouer le rôle de « porte d’entrée sur le marché européen » pour Israël. À noter que même si l’Europe est déjà le premier partenaire commercial du pays – et ce devant les États-Unis – les principaux interlocuteurs d’Israël sont actuellement l’Allemagne et les Pays-Bas.