Quel point commun peut-il bien exister entre un boulanger seul dans son fournil de Buenos Aires (Argentine), le patron d’un club de plongée en Égypte ou une société d’architectes et de construction de mille employés dans la banlieue de Saïgon (Hô-Chi-Minh-Ville) au Vietnam ? A priori aucun. Mais à y regarder de plus près, tous les trois appartiennent à la communauté, aujourd’hui toujours très informelle, des EFE, les entreprises des Français de l’étranger. On en compte environ 130 000 à travers le monde, soit une part non négligeable des 3,5 millions d’expatriés français, au cœur d’un écosystème (employés, sous-traitants, famille…) représentant au final près de 500 000 personnes.
« Le portrait-robot de l’EFE, détaille Alain Taïeb, président d’EFE International, c’est un(e) entrepreneur(se) qui mobilise son savoir français pour créer un pont entre la France et le pays où il a installé son entreprise. Celle-ci va commercer avec la France, utiliser des savoir-faire français, acheter des produits et des prestations de services français, des logiciels français et employer des cadres français. Il ou elle va ainsi contribuer au rayonnement économique de la France sans pour autant être recensé car il ou elle n’est pas contribuable français. Il ou elle reste donc sous les radars statistiques de l’influence économique française dans le monde ».
Visibilité et légitimité
Également conseiller du Commerce extérieur de la France, Alain Taïeb sait de quoi il parle. Président du conseil de surveillance de Mobilitas, ETI Française spécialisée dans la relocation, l’archivage physique et numérique, et la préservation numérique des patrimoines, sa société est présente dans une centaine de pays à travers ses filiales. C’est pour donner de la visibilité et de la légitimité aux entrepreneurs français basés à l’étranger que l’entrepreneur français a fait créer par les CCI et les CCE l’entité « EFE International », avec comme objectif de devenir un pont avec les pouvoirs publics français, en particulier le ministère du Commerce extérieur de la France.
« À la différence des entreprises immatriculées sur le territoire français, les EFE n’ont pas pu bénéficier du “quoi qu’il en coûte” pendant la crise Covid car ce ne sont pas des contribuables français », rappelle Alain Taïeb. Néanmoins elles impactent positivement la balance du commerce extérieur de la France et constituent un vaste écosystème sur lequel s’appuient les investisseurs basés en France.
Des V.I.E pour tous
La première victoire – grâce à cette entité juridique créée avec la bienveillante collaboration de Business France, la CCIFI, les Conseillers du commerce extérieur de la France (CCE) – est de permettre aux EFE de recruter à leur tour des jeunes diplômés en V.I.E (volontariat international), ce qui leur était interdit jusqu’à présent car ne possédant pas de représentation dans l’Hexagone. « Chaque organisme a pris une action, une part, du capital de la société, se réjouit Alain Taïeb, suivies par plusieurs EFE qui pouvaient arguer désormais avoir un lien avec la France ! On en est à près d’une trentaine aujourd’hui. C’est un vrai succès ! »
Cette victoire ne constitue néanmoins qu’un des nombreux objectifs que se sont fixés EFE International, les CCE et les CCI qui souhaitent, à terme, que ces entrepreneurs de l’étranger soient reconnus avec la plus grande bienveillance par toute la communauté d’affaires internationale comme faisant partie intégrante du succès du commerce extérieur de la France.