Alain Mihelic est catégorique, il ne constate aucune pénurie dans les linéaires des magasins d’alimentation de Moscou. Les produits importés ont juste été remplacés par des articles locaux : « Il n’y a pas de manque du tout, et il n’y en a jamais eu. Les belles pommes de France sont remplacées par des fruits venant de Turquie et des pays limitrophes du sud de la Russie. Les vins de Russie sont en progrès permanent. Il n’y a jamais eu de trou sérieux dans les rayons. Maintenant si c’est pour parler camembert, au bon au lait cru français, non, ils n’en sont pas encore là, mais ça va venir. Au plus dur de la crise, il n’y a jamais eu de rayons vides. »
Après douze ans d’expatriation en Afrique, Alain Mihelic débarque en Russie fin 1990. Il est aujourd’hui retraité après avoir fait carrière dans une société du secteur pétrolier. Originaire des Hauts-de-France, le Français tient un blog sur sa vie en Russie.
Il habite avec son épouse russe dans une maison à la campagne, dans la périphérie nord de Moscou et affirme que rien n’a changé dans leur vie quotidienne depuis le déclenchement de la guerre : « Il n’y a pas plus de contrôles policiers qu’avant. Dans le métro, tout est normal, calme et fonctionnel. Ils viennent d’ouvrir le mois dernier une super ceinture du métro avec 47 stations. Les grands travaux routiers et autoroutiers continuent tout à fait normalement. A ce niveau-là, on ne s’aperçoit absolument de rien. »
Le doute dans les foyers
Selon Alain Mihelic, les Russes soutiennent l’offensive armée lancée par Vladimir Poutine en Ukraine, même si le doute s’est installé dans les foyers : « Il y a des familles qui ont vu un de leurs parents partir au Sud, mais je dirais que l’ensemble est tout à fait dans la ligne de ce que c’était au démarrage. » Selon le Français, 30 % de ses compatriotes auraient quitté la Russie au moment de l’invasion de l’Ukraine. Ils sont 5 000 à être restés d’après l’ambassade de France à Moscou, selon laquelle depuis les départs précipités en février et en mars 2022, il n’y a pas eu de nouvelle vague de départs massifs.
Alain Mihelic précise que certains sont de retour aujourd’hui, tout comme une partie de la jeunesse russe : « Il y a eu beaucoup de départs de jeunes Russes, peut-être 200 000, qui graduellement reviennent actuellement. J’ai deux jeunes voisins qui étaient partis à l’extérieur pour échapper à la conscription et ils sont rentrés. »
Si les sanctions internationales contre la Russie n’ont rien changé, selon lui, à la vie quotidienne des Moscovites, Alain Mihelic admet toutefois des complications nouvelles pour quitter le pays et se rendre à l’étranger. Pour aller en France, il doit désormais passer par la Turquie, Dubaï ou Helsinki, en Finlande. De 3 h 30 en moyenne avant la guerre, la durée du vol avec escale pour rejoindre Paris depuis Moscou est désormais comprise entre 14 h et 20 h. Lire et écouter la chronique ici